Une autre liste nominative des persona non grata sera annoncée par le président par intérim Foued Mebazaa. Les personnes qui ont été membres ces dix dernières années de l'ex-parti au pouvoir en Tunisie sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali ne pourront être candidates lors des élections du 24 juillet prochain, a annoncé mardi le Premier ministre de transition tunisien. «Après réflexion, le gouvernement a adopté la limite de dix ans. Nous avons estimé que 23 ans n'était pas logiques. Il y a des responsables du RCD qui ont été réprimés par l'ancien régime», a notamment déclaré M. Béji Caïd Essebsi lors d'une conférence de presse. Toutefois une liste nominative sera annoncée par le président par intérim Foued Mebazaa, qui comprendra des responsables de l'ancien gouvernement et du RCD impliqués directement avec le président déchu Ben Ali qui n'auront pas le droit de présenter leurs candidatures quel que soit le nombre d'années de services sous Ben Ali, a précisé le Premier ministre. Toutes les personnes qui ont assumé des responsabilités au sein du cabinet présidentiel, dont les conseillers personnels du président, figureront dans cette liste, a-t-il précisé. Le gouvernement devait trancher suite à une décision prise le 12 avril par la Haute-Commission chargée de préparer l'élection de la future Assemblée constituante. Cet organe avait décidé d'exclure de la candidature toute personne ayant assumé une responsabilité dans le gouvernement ou dans le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) durant les 23 ans de règne de Zine El Abidine Ben Ali, soit de 1987 à 2011. Le débat avait été vif au sein de la Haute-Commission sur cette disposition, certains voulant placer la barre aux dix dernières années, mais lors du vote les tenants de la période complète du règne de Ben Ali depuis 1987 l'avaient emporté. Le gouvernement a par ailleurs adopté le mode de scrutin de listes à la proportionnelle au plus fort reste, proposé aussi par la Haute-Commission, ainsi que la parité absolue hommes-femmes sur les listes avec un système d'alternance qui garantira que les femmes seront dans des positions d'éligibilité. Halte au chaos ! «C'est une proposition révolutionnaire. La chance des femmes de réussir aux prochaines élections est garantie comme pour les hommes. Elles auront les mêmes chances», a souligné M. Essebsi. L'adoption le 11 avril de cet article avait été très applaudie par les membres de la Haute-Commission, y compris les représentants du mouvement islamiste Ennahdha. Sur un autre plan, le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a dénoncé hier «les débordements inacceptables» commis par certains citoyens, citant des manifestations trop fréquentes et l'émigration clandestine vers l'Europe. «Les manifestations de protestations et les sit-in quotidiens entravent le travail du gouvernement qui essaye de penser à des programmes encourageant les investisseurs étrangers», a averti le Premier ministre lors d'une conférence de presse. «Les routes ont été bloquées 111 fois par des protestataires et avec des comportements pareils nous hypothéquons l'avenir», a-t-il souligné citant comme autres exemples regrettables la prière dans les rues et les tentatives d'émigration clandestine vers l'Europe. Selon le Premier ministre, «si la France a décidé de suspendre provisoirement l'accord de Schengen, c'est à cause de nous !» Pour autant et malgré «de grands débordements dans le comportement des citoyens», Caïd Essebsi rassure que le gouvernement de transition «ne veut pas avoir recours à la force»