Ils étaient nombreux, hier, à l'aéroport d'Alger, venus accueillir la dépouille mortelle du professeur Mohand Issad, en provenance de Paris où il est décédé mercredi, à l'hôpital Hôtel-Dieu. Ses amis, de nombreux avocats et plusieurs personnalités ont tenu à rendre hommage au grand avocat que fut le professeur Issad. Dans l'ancien salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediène, des figures politiques, des militaires et d'anciens ministres ont loué les qualités morales et intellectuelles du défunt. Les généraux à la retraite Mohamed Touati et Abdelhamid Djouadi, Les ex-ministres Hocine Benissad, Abdelaziz Rahabi, le bâtonnier d'Alger Abdelmadjid Selini et Omar Belhouchet, directeur de publication du quotidien El Watan faisaient partie des nombreuses personnes présentes à l'aéroport d'Alger pour témoigner de leur affection à la famille du défunt et rendre hommage à un avocat hors pair qui a marqué de son empreinte l'histoire du droit algérien. Maître Chorfi du barreau d'Alger n'a pas caché sa tristesse : «C'est une grande perte pour le barreau. Il était d'une intégrité inégalée. Il avait été mon professeur à l'université… L'Algérie doit lui rendre un grand hommage», a-t-il témoigné non sans peine. La tristesse se lisait également sur le visage de maître Khaled Bourayou. Avec beaucoup de douleur, il parle d'un avocat courageux : «C'est une perte pour la justice. Une justice qu'il voulait réellement indépendante. Un combat dans lequel il avait investi toute son énergie, sa compétence et son courage. C'était un avocat aux positions très courageuses.» Le général à la retraite Mohamed Touati a eu des mots élogieux à l'égard du professeur Issad : «C'est un homme à qui l'université doit beaucoup, tout comme la justice qu'il a enrichie de plusieurs promotions de qualité. C'est un homme à qui on doit reconnaître ses métrites et ils sont grands. Je dois souligner aussi que pendant les années du terrorisme, le professeur a eu des propositions d'universités françaises, notamment celle de Bordeaux, pour y enseigner, mais il s'est fait un point d'honneur de continuer sa mission à la faculté de droit d'Alger.» Côté officiel, pas l'ombre d'un responsable ! Aucun ministre, même pas celui de la Justice, n'est venu accueillir la dépouille mortelle. Au sein du pouvoir, ils ne sont pas nombreux à porter dans leur cœur un avocat dont l'indépendance était la ligne de conduite. Mais nombreux sont les Algériens qui seront justes avec ce grand professeur. Il est vrai que le professeur Mohand Issad a su garder ses distances vis-à-vis du pouvoir politique. Lorsqu'il a été nommé à la tête de la Commission nationale de réforme de la justice, il n'a pas été complaisant. Les conclusions de son rapport ont fini dans les tiroirs de la République. Celles de la commission d'enquête sur les évènements de Kabylie en 2001 ont connu le même sort. Pas question de blanchir un pouvoir tenu pour responsable de la mort de 126 jeunes. Mohand Issad ne faisait pas de cadeau ; son rapport a situé les responsabilités dans le massacre de 2001. «Il fallait lire entre les lignes», aimait à répéter le maître à ceux qui lui reprochaient de n'avoir pas montré du doigt les responsables.