La marche silencieuse à la mémoire d'Ahmed Kerroumi, à laquelle a appelé la CNCD-Oran samedi dernier, a finalement été empêchée par les forces de l'ordre. Un important dispositif policier a assiégé, tôt le matin, la place Kahina (ex-Cathédrale), place d'où devait s'ébranler la marche pour atteindre la place du 1er Novembre (ex-place d'Armes). Les manifestants, une bonne centaine, s'étaient regroupés sur le parvis de l'ex-Cathédrale. Ils arboraient les portraits de feu Pr Kerroumi et portaient tous un brassard noir, en signe de deuil. Parmi eux, on pouvait compter son épouse, nombre de ses collègues, des camarades du MDS ainsi que des militants de la CNCD-Oran. Aucun slogan n'a été entendu, les manifestants se sont contentés seulement d'arborer les portraits de leur ami et de garder un silence de marbre, silence par lequel ils voulaient «faire passer leur message». Le rassemblement sur le parvis de l'ex-Cathédrale a duré une bonne heure, avant que les manifestants ne tentent de marcher. Le cordon policier s'est alors renforcé et n'a pas tardé à contenir la foule. Impuissants, les manifestants se sont donc assis sur les marches de l'enceinte, continuant à garder le mutisme le plus complet. Ensuite, chacun des amis du Pr Kerroumi, collègues ou étudiants, a pris la parole, le temps de lui rendre un hommage. De solennels discours ont alors été prononcés, on pouvait déceler à la fois de l'émotion, de la détermination, mais encore de la colère face au silence de la justice sur les raisons de cette tragique disparition. «On veut que la justice se prononce, que le procureur fasse une conférence de presse et que la lumière soit faite sur cette affaire.» Lors de son intervention, Messaoud Babadji, collègue et ami du Pr Kerroumi, a proposé que la bibliothèque, où la foule était rassemblée, devait porter désormais le nom du défunt, et la place Kahina, celui de «Maïdane Et Tahrir» (place de la Libération). Il a été annoncé aussi qu'une énième demande sera adressée, dès le lendemain, à la wilaya d'Oran pour la tenue d'une autre marche dans les jours qui viennent. «On continuera à leur adresser des demandes d'autorisation, et cela jusqu'au jour où ils comprendront que la marche est un droit ! » a-t-on déclaré. Enfin, vers 12h30, les manifestants se sont dispersés dans le calme.