La marche silencieuse, initiée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie en hommage à la mémoire du militant Ahmed Kerroumi, hier, à Oran, a été empêchée par les services de sécurité malgré une demande d'autorisation déposée par la CNCD-Oran le 14 avril dernier auprès du service de la Drag de la wilaya. Cet empêchement a incité les militants de la CNCD à prendre possession des escaliers de la bibliothèque régionale qui surplombe la place de la Kahina. Ce lieu de ralliement d'où devait s'ébranler la marche silencieuse vers la rue Emir-Abdelkader et la place du 1er-Novembre 1954 a été tenu pendant plus d'une heure par les nombreux amis du défunt. Se faisant face, les militants de la CNCD-Oran et les brigades antiémeutes se jaugeaient dans un silence entrecoupé par le bruit des bus et des véhicules qui longent la rue Larbi-Ben-M'hidi. La place en quinconce de l'ex-Cathédrale a été parfaitement quadrillée par un imposant cordon sécuritaire aux premières heures de la matinée. Brandissant des portraits à l'effigie de Ahmed Kerroumi, portant brassards noirs et agitant des petits drapeaux, les militants de la CNCD-Oran forçaient le respect des passants. Ces derniers sont discrètement invités par les policiers d'aller voir ailleurs. Les contestataires tentent de forcer la première haie des services de sécurité vers 11h30. Enervement et branle-bas de combat parmi les brigades antiémeutes qui réagissent en canalisant les militants de la CNCD-Oran. Parmi ces derniers, la veuve et la fille du dramaturge assassiné, Abdelkader Alloula. Des membres de la CNCD de Béjaïa et de Mostaganem étaient également présents en signe de solidarité avec le défunt Ahmed Kerroumi. “Pourquoi notre ami a-t-il été tué dans des conditions obscures ? Nous exigeons que toute la vérité soit faite sur la mort douteuse de Ahmed Kerroumi”, lance Mohamed Ghanem, professeur d'histoire et membre de la CNCD-Oran. Il dresse un véritable réquisitoire à l'encontre des pouvoirs publics qu'il interpelle du haut des escaliers de la bibliothèque régionale. “La justice doit faire son travail de façon indépendante car nous voulons vivre comme des citoyens libres, à l'instar des autres citoyens du monde.”