La tâche qui s'impose actuellement est d'apprendre à coordonner entre tous les militants du progrès, du syndicalisme combatif, les militants démocrates anti-impérialistes, pour sortir du statu quo. Un 1er Mai achoppant de «bonnes» résolutions et au parfum d'antan, celui des luttes unifiées des masses populaires pour leur émancipation. Ce samedi 30 avril, veille de la fête internationale des travailleurs, le mythique Sierra Maestra (anciennement cinéma Hollywood, sis ex-Meissonier) a réuni sous la coupe du Parti socialiste des travailleurs (PST) quelques centaines de militants et sympathisants de la grande famille de la gauche progressiste et radicale. Un bain de jouvence pour Salhi Chawki, le secrétaire général du PST dont le dernier meeting populaire remonte aux législatives de 2007. Un meeting presque improvisé, sans tambour ni trompette. Les médias, peu présents, ont boudé l'événement. Un air de retrouvailles pour les nombreux militants de gauche, toutes générations confondues : anciens de l'Organisation de la résistance populaire (ORP), du Parti d'avant-garde socialiste (PAGS), ancien membres de l'Organisation communiste révolutionnaire (OCR), des militants et sympathisants du Mouvement démocratique et social (MDS) et autres animateurs des coordinations estudiantines, des syndicalistes autonomes, des comités des chômeurs, etc. Le parti a même réussi à battre le rappel de la troupe de chants révolutionnaires Debza, fondée sous la houlette de Kateb Yacine et dont le dernier concert remonte à plus de 20 ans. Officiant en maître de cérémonie, Mahmoud Rachedi, membre de la direction nationale du PST, rappelle que le 1er Mai revêt cette année un «cachet particulier», celui des «soulèvements populaires à travers le monde et, en en Algérie, celui des luttes innombrables des travailleurs et des opprimés». Sans phrasé ni emphase, le dirigeant du PST insistera sur l'impérieuse nécessité de «construire ou de reconstruire le projet de gauche en Algérie». Un projet, dit-il, «porteur des revendications sociales, économiques et politiques du mouvement des travailleurs et de ses alliés». Premier à sonner la charge au Sierra Maestra, le sanguin Me Hocine Zehouane, président de la LADDH, avocat des droits de l'homme et rescapé de l'Organisation de la résistance populaire (née après le putsch du colonel Boumediene, le 19 juin 1965) : «Nous sommes peut-être à l'aube d'une ère nouvelle, souligne l'avocat. Je le sens, et je sens qu'à travers tout le pays que quelque chose vibre. Ce sont autant de prémices. La révolution nationale et patriotique doit maintenant accoucher de quelque chose d'autre, car le monde, le nôtre, a besoin d'une révolution démocratique et sociale, et pour ce faire, nous nous devons de construire une nouvelle dynamique d'organisation d'un mouvement national de gauche internationaliste.» Zoheir Bessa, directeur du mythique Alger républicain, est revenu dans son intervention sur les prolongements et impacts de la crise du système capitaliste mondial : «Une crise qui s'aggrave et qui désormais touche davantage les maillons faibles du système, à savoir notamment les pays arabes.» La grande «coordination des tubes digestifs» Selon M. Bessa, l'Algérie se trouve dans une dangereuse impasse et fait face à un «complot capitaliste» qui vise à «saper sa stabilité et à instrumentaliser le mécontentement populaire». «Aux frontières est de l'Algérie se masse (en Libye) une armée gigantesque, celle de l'OTAN qui, au nom de la démocratie, des droits de l'homme, veut prendre pieds dans la région, piller ses richesses et faire de l'Algérie une base pour contrôler toute l'Afrique.» A ces interventions succèdent d'autres encore plus percutantes, celles de syndicalistes autonomes, du Cnapest et du CLA (syndicat de l'enseignement secondaire) notamment, des syndicalistes du port d'Alger (DP World) et des coordinateurs du Comité national pour la défense des droits des chômeurs et des coordinations des étudiants, des animateurs de l'Initiative du 24 février… Dernier à intervenir, le porte-parole du parti passera en revue plusieurs questions de l'actualité, notamment celle en rapport avec le «changement de régime», son contenu, non sans s'en prendre aux opposants d'opérettes pour qui le changement relève de la coquetterie : «La chute du régime est un principe inoculé dans les statuts du PST. Nous ne l'avons pas découvert aujourd'hui. Nos militants veulent non seulement faire tomber le Parlement bourgeois, le gouvernement laquais de l'impérialisme et le président de la République qui préside à une politique qui va à l'encontre des intérêts des travailleurs, des opprimés, mais tout le régime capitaliste, oppressif et oppresseur.» «Le PST, ajoute-t-il, fait sien le projet de construction d'un pôle du changement anticapitaliste, anti-impérialiste, pour un état socialiste et une société sans classes.» «Pour ce faire, nous devons construire quelque chose de nouveau, une force différente ; construire le mouvement étudiant, le mouvement des travailleurs, des chômeurs, des jeunes, le mouvement féministe… la grande coordination des tubes digestifs comme on nous appelle. La tâche qui s'impose actuellement est d'apprendre à coordonner dans le respect de tous entre tous les militants du progrès, du syndicalisme combatif, les militants démocrates anti-impérialistes pour se sortir du statu quo et de la politique attentiste», a conclu Salhi Chawki.