En dépit des potentialités qu'il renferme et bien qu'il soit névralgique, le secteur de la pêche et des ressources halieutiques reste le parent pauvre des secteurs d'activité dans la wilaya de Tizi Ouzou. Malgré les efforts consentis jusque-là et l'importance des budgets injectés pour y enclencher un processus de croissance, la situation du secteur de la pêche au niveau de la région n'est toujours pas réjouissante. Un constat que partagent à l'unanimité les professionnels qui opèrent dans ce domaine d'activité. La gestion des ports est soumise à une anarchie paralysante et la ressource halieutique subit les conséquences d'une pêche désastreuse, faute d'une bonne maîtrise des techniques de pêche accentuée par l'indifférence des responsables censés protéger les ressources et garantir une gestion rationnelle du secteur. Pourtant, la wilaya de Tizi Ouzou jouit d'une façade maritime évaluée à 85 km, représentant 7% de la côte algérienne et couvrant 5 communes, à savoir Iflissen, Tigzirt, Azzefoune, Mizrana et Aït Chafâa. Cette façade est caractérisée par une morphologie côtière qui se prolonge en mer par un plateau continental, si étroit et accidenté. Avec cette surface maritime économique, cette région du pays compte une zone de pêche réservée de 7 871 km2, dont 945 km2 sont destinés à la pêche côtière et 6 926 km2 à la pêche au large. Néanmoins, les zones proposées au chalutage restent rares et limitées à quelques cales seulement, permettant des traits à courtes durées, de moins de 1 heure 30, réduisant ainsi l'effort de pêche de chalutage. Tandis que cette bande côtière recèle un potentiel halieutique consistant, estimé à 69 000 tonnes de poissons pélagique (classée en 2e rang à l'issue de la campagne nationale d'évaluation de la ressource halieutique), le prix de la sardine (considérée l'espèce la plus consommée dans cette région), se situe entre 300 à 400 DA/kg. En conséquence, le produit devient de moins en moins accessible pour les franges de la société à bas ou moyen revenus. Cette situation est diversement expliquée par des gens en rapport avec ce domaine. La biomasse menacée Des pêcheurs de Tigzirt ont exprimé leur mécontentement quant à la situation de leur secteur d'activité. « Je pense que la pollution est la première cause de toutes les dégradations que subit ce secteur, non seulement au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou mais à travers tout le pays. En traçant l'itinéraire de la ville d'Azzefoune jusqu'à celle de Tizi Ouzou, on aperçoit clairement toutes sortes de déchets et détritus sur les côtes marines. En plus de ces décharges sauvages, des eaux usées coulent dans la mer», regrette un marin pêcheur rencontré au port de pêche d'Azzefoune, ajoutant qu'« Au niveau de notre port, les chalutiers pêchent librement dans les zone interdites, arrivant jusqu'à 10 m de profondeur. Et quand ils retirent leurs filets, ils ramassent ce qu'ils veulent puis raclent tout le reste dans les fonds, y compris le petit poisson mort. Et tout cela ne fait qu'engendrer des dégâts au détriment de la biomasse ». Un autre facteur qui est à l'origine de la régression de la production halieutique est le non respect de la pause biologique par certains pêcheurs et le non recours de certains d'autres aux règles normatives de la pêche, selon notre même interlocuteur. Un administrateur dans de secteur de la pêche, lui, estime : «Nos pêcheurs ne respectent pas, ni les périodes ni les zones interdites à la pêche». «A titre d'exemple, la réglementation interdit le chalutage du 1er mai au 31 août dans les 3 miles marins (équivalent de 6 km). Si cette pause est tenue, on aura augmenté la biomasse de plus de 30%», poursuit-il. Un autre fonctionnaire exerçant dans le même domaine quant à lui, pense que « la cherté du poisson n'est pas due à la seule raison de la baisse de la production, mais il y aussi la consommation qui a augmenté avec le changement dans les habitudes alimentaires de la population». La contrainte technique représente, elle aussi, un facteur défavorable pour l'amélioration de la production. «On n'a pas suffisamment de matériel adapté à la pêche dans notre région. Il faut savoir une chose, c'est que le poisson ne disparaît pas mais change d'endroit, donc il faut le suivre. L'année précédente, il y avait un manque flagrant de la sardine en Algérie, alors qu'en Tunisie cette espèce est pêchée au large, et cela grâce aux moyens dont disposent les pêcheurs dans ce pays», estime un pêcheur exerçant dans le port de Tigzirt.