Une vingtaine de ministres de l'Intérieur des trois continents – les pays du G8 plus la Colombie, le Pérou, la Bolivie, le Brésil, le Mexique, l'Algérie, le Maroc, le Sénégal, le Ghana, le Nigeria et l'Afrique du Sud – ont convenu, à l'issue d'une conférence à Paris, lundi et mardi derniers, dans le cadre de la présidence française, d'un plan d'action contre le trafic de drogue. Paris. De notre correspondante Les «conclusions opérationnelles» qu'ils ont adoptées à l'issue de trois sessions de travail à huis clos consacrées à «l'organisation des réseaux criminels», à l'amélioration de «l'échange de renseignements et la coopération policière, judiciaire, douanière et maritime» et aux «autres routes, autres volets, autres perspectives» seront soumises au sommet du G8 à Deauville, les 26 et 27 mai. Sept organisations internationales étaient également conviées, d'Interpol à Europol en passant par les Nations unies, ainsi que des banques, comme la Banque mondiale et Banque africaine de développement. C'est à l'invitation de la France, en sa qualité de présidente en exercice du G8, que l'Algérie a participé à cette conférence, faisant valoir que la lutte contre le trafic transatlantique de cocaïne – par lequel elle n'est pas directement concernée – doit s'inscrire dans une démarche globale et intégrée de lutte contre toutes les drogues et ses liens avérés avec le crime transnational organisé. La conférence devait porter initialement sur la lutte contre le trafic transatlantique de cocaïne. Il y a eu trois séances préparatoires (la première a eu lieu à Paris le 1er mars) à la conférence de lundi et mardi au cours de laquelle l'Algérie a proposé de prendre en compte toutes les drogues illicites citées dans la convention des Nations unies de 1961 sur les stupéfiants, soutenue par les pays d'Amérique latine et en soulignant que chaque région a ses spécificités. L'Afrique, c'est davantage le trafic et la consommation de cannabis. Par le trafic de cocaïne, l'Algérie est touchée de manière indirecte ; la nouvelle route africaine de ce trafic est la façade atlantique (Afrique de l'Est), le transit se fait par voie maritime ou par route en traversant le Sahel et parfois l'Algérie. Par ailleurs, les travaux de la Commission de prévention contre le crime et la justice pénale, la Conférence des Etats-parties contre le crime transnational organisé, la Commission des stupéfiants des Nations unies ont mis en évidence des connexions avérées entre la drogue et les activités criminelles transnationales organisées. Un symposium récent a relevé que les revenus générés par le trafic de drogue atteindraient 320 milliards de dollars (et encore selon des données incomplètes). Le trafic de drogue arrive en tête des activités criminelles, suivi du trafic des personnes, du trafic d'armes, du trafic des migrants. Ces réseaux mutent très rapidement et, pour les neutraliser, les Etats doivent agir dans un cadre légal, saisir la police, apporter la preuve du délit, autant de procédures qui ont un coût et requièrent du temps et des moyens humains et matériels. Dans notre région et sous-région, les réseaux terroristes ont besoin de l'argent de la drogue, c'est pourquoi ils assurent la sécurité des convois de ce trafic. L'idée de créer un fonds pour lutter contre le trafic de drogue a été avancée lors de la toute première réunion préparatoire à la conférence de Paris des 9 et 10 mai par l'Algérie, se fondant sur la Convention sur la corruption. La proposition algérienne avait été rejetée par les pays développés qui, sous prétexte de crise financière, avaient avancé qu'ils ne pouvaient pas envisager la création d'un quelconque mécanisme à caractère fiduciaire. L'idée a toutefois fait son chemin et est revenue sous la forme de création d'un fonds alimenté par les avoirs saisis des trafiquants proposé par le président Sarkozy. A remarquer que la déclaration finale de la conférence de Paris a pris l'intitulé de «Déclaration politique des ministres en charge de la lutte contre le trafic illicite de drogue».