Sur le G8 et sur tous ces points, M. Ould- Kablia a bien voulu r�pondre aux questions et pr�cisions que lui posaient ou demandaient Le Soir d�Alg�rie, El Watan, l�APS et Canal Alg�rie. Que peut apporter l�Alg�rie � ce G8 et qu�en attend-elle ? Daho Ould-Kablia : Au d�part, notre pr�sence �tait hypoth�tique parce qu�il s�agit en fait d�une r�union minist�rielle qui regroupe 20 pays concern�s directement par le th�me, � savoir la lutte contre le trafic transatlantique de la coca�ne. Nous n�avons rien � voir avec le transatlantique et nous n�avons rien � voir avec la coca�ne. J�ai justement expliqu� dans mon intervention, au cours des travaux, que l�Alg�rie n��tait ni un pays de production de la coca�ne, ni un pays de transit de la coca�ne, ni encore moins un pays de consommation, sinon une consommation minime. J�ai mis l�accent sur le fait que la coca�ne �tant une drogue, l�Alg�rie est concern�e par un autre type de drogue qui est le cannabis qui avait �t� �cart� de la discussion au d�part mais qui, gr�ce � la pugnacit� de notre ambassadrice � Vienne, a �t� finalement introduit comme �l�ment du dossier et le th�me de la rencontre est devenu �la lutte contre le trafic international de la drogue�. On a supprim� le terme transatlantique et l�on a supprim� la r�f�rence sp�cifique � la coca�ne. J�ai �galement expliqu� que nous, nous �tions pr�occup�s par l�intrusion de quantit�s importantes de cannabis dans notre pays, citant le chiffre de 74 tonnes de cannabis qui sont saisies en moyenne par an. Ce fl�au a des effets tout � fait dommageables sur notre jeunesse et sur notre �conomie. A partir de l�, je suis entr� dans la globalit� du sujet qui traitait des conditions de compl�mentarit�, d��change d�informations, d��change d�exp�riences, de collaboration et de la n�cessit� d�aller au-del� de ce qui se faisait auparavant, � savoir uniquement la recherche de narcotrafiquants mais garder �ventuellement tout ce qui est poursuites judiciaires dans un contexte international. Le point nouveau, c�est la saisie des avoirs qui sont g�n�r�s par ce trafic. Mon intervention a donc port� sur ces deux points et en soulignant que les choses ayant �volu� favorablement, nous adh�rons � la d�claration de politique g�n�rale et nous adh�rons �galement au plan de lutte contre le trafic de drogue. Dans beaucoup d� articles de presse publi�s la veille du G8 Drogue, il a �t� annonc� l�initiative attribu�e au pr�sident Sarkozy relative � la proposition d�un fonds de lutte contre la drogue qui serait sous l��gide de l�Onu. Qu�en est-il de ce fonds et si ce projet venait � �tre approuv� � Deauville, l�Alg�rie y prendrait- elle part et sous quelle forme ? Cette question du fonds sp�cial pour lutter contre le trafic de drogue a �t� expos�e effectivement par notre pays au cours des rencontres pr�paratoires � ce G8 Drogue. N�anmoins, nous l�avions fait dans la mesure et dans le sens o� nous avions besoin de ce fonds pour aider les pays pauvres qui n�ont pas les moyens de faire face � la lutte contre toutes les diff�rentes formes de trafic de drogue. Il se trouve qu�un des pays a �mis une r�serve, consid�rant que la question n��tait pas tr�s claire et � ce sujet un amendement a �t� apport� et qui pr�voit que des consultations et des concertations vont �tre men�es pour examiner cette question. Le probl�me qui se pose est que ce fonds n�est pas une contribution des organes internationaux mais il serait aliment� par la saisie des avoirs des trafiquants. L�, la situation change du tout au tout car beaucoup de pays, qui �ventuellement saisissent des avoirs, en ont besoin eux-m�mes pour lutter contre les effets de ce trafic. Mais le ministre fran�ais de l�Int�rieur a bien d�clar� que ce fonds allait aider les pays qui en avaient besoin. C�est la nature m�me de ce fonds qui pose question. Estce que c�est un fonds qui va �tre financ� par les pays riches au profit des pays pauvres ou un fonds qui va �tre aliment� par les avoirs saisis. Il n�y a que les pays riches qui peuvent saisir ces avoirs dans la mesure o� ils identifient et arrivent � savoir o� ces fonds sont plac�s, dans quelles banques ou institutions financi�res. Chez nous, lorsque l�on saisit de la drogue, elle est d�truite et n�a donc plus de valeur marchande. Les petits montants que l�on peut r�cup�rer chez les uns ou les autres, ce n�est pas cela qui va alimenter le fonds. Etant donn� la situation g�ographique de l�Alg�rie et sa proximit� avec le Sahel, est-ce que la question d�une connexion entre le trafic de drogue et le terrorisme a �t� explicitement abord�e ? Ce point figure dans mon intervention. J�ai dit que la seule relation que l�on pouvait avoir sur le probl�me de la coca�ne, c�est de mani�re indirecte dans la mesure o�, � c�t� des circuits traditionnels qui allaient d�Am�rique latine vers l�Am�rique du Nord ou de l�Am�rique du Nord vers l�Europe en passant par l�Espagne ou le Portugal, maintenant il y a de nouvelles routes pour le trafic et qui passent par le continent africain, notamment dans sa partie transatlantique : S�n�gal, Gambie, Nigeria. J�ai dit qu�un des couloirs �galement privil�gi� de ce transit de trafic de coca�ne passe le long d�un corridor qui se situe � la limite de notre fronti�re sah�lienne qui s��tend sur plus de 1 000 km avec le Mali et le Niger. Et c�est � propos de ce transit par ce corridor qu�interviennent les groupes terroristes, les groupes criminels qui se trouvent l�-bas parce qu�il ne peut pas y avoir de transit s�ils n�obtiennent pas le soutien ou le support de cette force solidement implant�e dans le centre de ce corridor. Ce trafic a g�n�r� des profits extr�mement importants � ces groupes qui leur ont permis de conforter leur pr�sence et de d�stabiliser l�Alg�rie dans le combat djihadiste qu�ils m�nent contre notre pays. C�est un peu la relation que l�on a pu exposer en ce qui concerne la connexion du trafic de drogue et du crime organis�. En outre, les participants ont �t� sensibles au fait que j�ai dit que les groupes terroristes install�s l�-bas ont �tendu leur champ d�activit� � plusieurs cat�gories de trafics : v�hicules, armes, trafic des personnes, enl�vement d��trangers pour obtenir soit des ran�ons, soit pour faire des pressions politiques sur les pays des ressortissants enlev�s. Si jamais le plan d�actions propos� par votre rencontre d�aujourd�hui est approuv� � Deauville lors du sommet, est-ce que l�Alg�rie devra d�velopper davantage ses moyens en amont dans la recherche et l�information ? Lorsque j�ai parl� de ce corridor � nos fronti�res, j�ai expliqu� que nous �tions tellement pr�occup�s par ce ph�nom�ne que nous avons �t� oblig�s de mettre en �uvre un plan de renforcement de nos capacit�s de protection de nos fronti�res avec des moyens humains suppl�mentaires et moyens mat�riels nouveaux. Il se trouve �galement que la fronti�re Est de notre pays, celle qui nous lie � la Libye, du fait du retrait des forces libyennes en stationnement sur la fronti�re et qui se sont retir�es pour rejoindre la partie Nord, c�est un front qui s�est ouvert et nous sommes oblig�s de le prot�ger pour emp�cher que des infiltrations se fassent par cette fronti�re-l�, parce que la fronti�re Sud est plus ou moins herm�tique. Pour ce qui est maintenant de la lutte contre le cannabis, l�Alg�rie n�est plus un pays de transit du cannabis vers l�ext�rieur. C�est devenu beaucoup plus un pays de consommation. Il y a un effort tr�s important de fait au niveau de nos ports et a�roports pour emp�cher toute exportation de cette drogue vers l�ext�rieur. Et l�, il y a des �changes d�informations sur ces r�seaux et ces trafics qui permettent de neutraliser ces mouvements soit au point de d�part, soit au point d�acc�s. Sur ce plan, il nous reste � combattre la distribution au niveau du d�tail et surtout sensibiliser nos jeunes qui sont les premi�res victimes de ce fl�au. Depuis quelques jours, apparaissent sur les plateaux des cha�nes TV fran�aises d�anciens ou d�actuels responsables des services de s�curit� fran�ais qui insistent tous sur l�excellence des relations avec les services homologues alg�riens. Est-ce une r�alit�, et si oui, qu�est-ce qui fait que cette relation soit aussi bonne ? J�ai rencontr� aujourd�hui m�me un responsable de la coordination des services de s�curit� au minist�re de l�Int�rieur. Il m�a parl� de ses derni�res visites en Alg�rie, o� il a rencontr� tout aussi bien les responsables de la Gendarmerie nationale que ceux de la S�ret� nationale, et, effectivement, les relations sont excellentes. Le repr�sentant des �tats- Unis m�a �galement dit que le charg� de la s�curit� judiciaire (appellation consacr�e par les �tats-Unis) au niveau de l�ambassade am�ricaine � Alger avait des relations tout � fait constructives avec les services de s�curit� alg�riens dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, car c�est cela qui les int�resse. Je suis tout � fait convaincu que ces relations existent et qu�elles sont mutuellement profitables. Dans le plan d�actions, il a �t� envisag� la possibilit� d��tendre aux services s�curitaires des pays, l�acc�s aux fronti�res maritimes dans la poursuite des trafiquants. Est-ce une option admise par l�Alg�rie ? Non ! L�Alg�rie a dit qu�elle �tait dispos�e � examiner toutes les nouvelles possibilit�s soit dans un contexte bilat�ral qu�on engagerait volontairement ou bien dans le contexte d�un partenariat r�gional ou interr�gional. Mais, l� aussi, �a ne pourrait �tre que des actes volontaires au travers desquels nous examinerons ce qu�il est possible de faire. Je ne pense pas que l�on puisse autoriser des b�timents �trangers � venir franchir nos limites maritimes territoriales pour chasser des pseudo ou des trafiquants av�r�s sans que les services alg�riens prennent une part active et essentielle dans ces poursuites et ces recherches. L�Alg�rie a-t-elle une strat�gie sp�cifique de lutte contre la drogue avec les pays d�Afrique ? Le probl�me de la drogue avec les pays d�Afrique est tr�s minime. Les pays africains sont malheureusement beaucoup plus consommateurs que les pays de transit. Le cannabis en particulier n�est pas un produit cultiv� dans ces pays. Ils obtiennent leur drogue de la m�me mani�re que tous les autres en l�achetant sur le march� clandestin. Mais il semble que le S�n�gal est devenu une petite plaque tournante... Justement, le 28 mai, une r�union se tiendra � Lisbonne et regroupera les Etats-Unis, l�Europe et les pays de la fa�ade atlantique, c�est-�-dire le Maroc, la Mauritanie, le S�n�gal� pour traiter de ce probl�me particulier. K. B.-A. 1- �tats-Unis, Canada, Japon, F�d�ration de Russie, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Mexique, Colombie, P�rou, Bolivie, Br�sil, R�publique dominicaine, Alg�rie, Maroc, S�n�gal, Ghana, Nigeria, Afrique du Sud + Commission europ�enne, ONUDC, OEA, OMD, Interpol, Europol, Banque mondiale, Banque interam�ricaine de d�veloppement, Bureau des Nations unies pour l�Afrique de l�Ouest.