Au moins neuf personnes ont été tuées vendredi et hier en Syrie par les forces de l'ordre. Quatre personnes ont été tuées hier et plusieurs autres blessées à Tall Kalakh, près de Homs (centre), par des tirs des forces de l'ordre. Des milliers de personnes ont manifesté vendredi à Tall Kalakh, une localité proche de Homs, troisième ville de Syrie à 160 km au nord de Damas. Conséquence de la répression, plusieurs centaines de Syriens ont fui cette localité pour le village voisin de Wadi Khaled dans le nord du Liban. «Plus de 500 personnes ont traversé la frontière pour la plupart des femmes et des enfants», a déclaré un conseiller municipal, Mahmoud Khazaal, qui a précisé que l'on pouvait entendre des tirs intermittents venant de la Syrie. Un des blessés est décédé à l'hôpital public de Qobbayyate (nord), suite à des blessures à la poitrine, a indiqué une source hospitalière. Un autre blessé se trouvait dans un état grave dans ce même hôpital. Vendredi, cinq Syriens ont déjà été tués par les forces de sécurité déployées massivement à travers le pays, en dépit de consignes de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants, a affirmé un militant des droits de l'homme sous couvert de l'anonymat. Trois l'ont été à Homs et deux dans la capitale. Dans le quartier de Qaboun, à la sortie de la mosquée Abou Bakr, à Damas, les fidèles ont été frappés avec des bâtons, puis il y a eu des tirs, a-t-il précisé. Une dixième personne, une femme, a succombé à ses blessures vendredi à Hara, près de Deraa (sud), où le mouvement de contestation est né à la mi-mars. Elle a été blessée quelques jours auparavant lors d'un assaut de l'armée. En outre, les arrestations de militants se poursuivent, d'après le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane, basé à Londres. Les services de sécurité ont arrêté vendredi une avocate des droits de l'homme, Catherine Talli, alors qu'elle était à bord d'un minibus à Barzé, un quartier de Damas. Et le militant, Waël Hamada, époux d'une avocate des droits de l'homme connue, a été interpellé mercredi à Damas, selon Rami Abdel Rahmane. Le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud, a annoncé vendredi l'ouverture d'un dialogue national pour sortir de l'impasse, de même que le retrait graduel de l'armée des foyers de la contestation, Banias (nord-ouest) et Deraa. Mais un militant a indiqué qu'à Banias, les chars s'étaient retirés du centre, entre temps, «les soldats et les forces de sécurité étaient toujours présents».
Les grands se contentent de condamner La répression a fait quelque 700 morts et des milliers d'arrestations depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, suscitant de vives critiques au niveau international. «Un régime qui tire au canon contre sa population perd sa légitimité», a dénoncé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, dans un entretien au quotidien Al-Hayat. «Nous souhaitons une Syrie stable, mais nous pensons que la vraie stabilité n'est pas dans la répression. Elle est dans la réforme», a-t-il affirmé. Les Etats-Unis ont fait part de leur côté vendredi de leur «indignation». Trois sénateurs américains, les républicains John McCain et Marco Rubio, et l'indépendant Joe Lieberman ont par ailleurs réclamé le départ du président Bachar Al Assad qui, selon eux, a perdu sa légitimité. Le même jour, le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur de Syrie et menacé Damas de «nouvelles sanctions», dans le cadre d'une action coordonnée avec d'autres pays européens contre la répression des opposants dans le pays. L'ambassadeur syrien, Sami Khiyami, a été «convoqué au Foreign Office afin de lui faire part des profondes inquiétudes du Royaume-Uni quant à la situation actuelle en Syrie», a indiqué le Foreign Office dans un communiqué. Londres a averti l'ambassadeur qu'«à moins que le gouvernement syrien cesse de tuer les manifestants et relâche les prisonniers politiques, le Royaume-Uni, aux côtés de ses partenaires de l'Union européenne, prendra de nouvelles mesures afin de placer le régime devant ses responsabilités». «Ces mesures comprendraient de nouvelles sanctions visant les plus hautes sphères du régime, dont des interdictions de voyage et un gel des avoirs financiers», ajoute le texte. La convocation «fait partie d'une action coordonnée de l'Union européenne», a précisé un porte-parole du Foreign Office. «Les Allemands ont déjà convoqué l'ambassadeur», a-t-il ajouté.