Les opportunistes gâchent les chances de relogement des vrais nécessiteux. Les habitants du bidonville El Hofra, dans la commune de Oued Smar, exigent un nouveau recensement des habitants, avant le lancement de l'opération de relogement qui devrait intervenir «incessamment». Des citoyens rencontrés sur place ont insisté sur l'ouverture d'une enquête en mesure de séparer les vrais nécessiteux des opportunistes qui pullulent dans cette cité misérable. «Actuellement, près de 1300 baraques existent dans cette cité, mais le nombre des vrais résidants ne dépasse pas les 800 familles», assurent les habitants. Selon eux, le dernier recensement effectué par les services de la wilaya, début 2008, «a été bâclé». «Les jeunes filles chargées d'effectuer l'opération de recensement avaient peur de rentrer dans la cité, plusieurs foyers ont été oubliés. Pire encore, des baraques dont les propriétaires étaient au travail durant la journée n'ont pas été recensées», expliquent-ils. Il n'y a pas que cela, ajoutent nos interlocuteurs. «De 2008 à ce jour, la cité a beaucoup changé, de nouvelles personnes sont venues, d'autres familles ont quitté les baraques aussitôt le recensement terminé, alors que d'autres ont vendu ou offert leurs gourbis à leurs connaissances», raconte-t-on. Bref, les habitants d'El Hofra réclament un nouveau recensement et une enquête approfondie pour éviter toute situation équivoque le jour J. «Des personnes aisées ont été recensées alors qu'elle n'habitent plus ici, bien d'autres familles nécessiteuses ne figurent pas sur la liste», indique-t-on. Aussi, les résidants signalent l'existence de plus de 200 baraques habitées par des femmes célibataires. «Bizarrement, une bonne partie de ces femmes figurent sur la liste de recensement, alors que de nouveaux mariés, résidant dans cette cité depuis plus de 10 années, risquent de ne pas figurer parmi les bénéficiaires.» Les habitants de cette cité croient dur comme fer en la possibilité de leur relogement avant le mois de juin prochain. «C'est une rumeur, mais tout le monde en parle», souligne un père de famille. Il dit ne plus supporter les conditions de vie dans cette cité dépotoir, située à un jet de pierre de l'immense décharge publique de Oued Smar. Une proximité qui s'est avérée pesante. En fait, aux odeurs nauséabondes, s'ajoute le manque d'hygiène dû, également, à l'absence de réseau d'assainissement. Cependant, le danger demeure omniprésent dans ce site implanté le long d'une voie ferrée. En plus du risque de maladies infectieuses, les résidants sont continuellement exposés à la menace de délinquants qui écument la cité. «Les agressions à l'arme blanche sont fréquentes et des corps sans vie ont été, à maintes reprises, découverts dans les environs» raconte, inquiet, un père de famille. L'autre préoccupation exprimée par les habitants d' El Hofra est le retard «inexpliqué» pris par les secours à chaque fois que les habitants leur font appel. «Plusieurs fois nous avons sollicité l'intervention d'ambulances pour l'évacuation de personnes malades, mais jamais la Protection civile n'a daigné se déplacer», se désole un jeune habitant. «Le nom d'El Hofra suscite la méfiance, pourtant bien des familles respectables y résident», précise-t-il.