Environ 2,9 milliards de dollars auront été consacrés au continent africain en 2010 par l'Agence française de développement (AFD) avec comme cible prioritaire l'infrastructure, le développement urbain et l'agriculture. Sur les 6,8 milliards d'autorisations d'engagement octroyés par l'Etat français en 2010, l'Afrique subsaharienne, premier bénéficiaire de l'aide française, a capté 2,1 milliards d'euros soit une hausse «de près de 70% en deux ans». L'Afrique subsaharienne et l'Afrique du Nord constituent «nos principales zones de partenariat et d'intervention», a déclaré jeudi dernier Dov Zerah, le directeur général de l'AFD, lors de la présentation de son rapport, cité dans la presse française. Ces sommes ont été investies à hauteur de 35% dans les infrastructures et le développement urbain et 28% dans l'agriculture et la sécurité alimentaire. Cette dernière affectation de l'aide au développement s'explique par une conjoncture, selon Dov Zerah, qui se précise depuis 2004 avec la croissance du continent africain qui avoisine les 5% et «qui ne doit pas être compromise par une crise alimentaire». L'objectif de l'AFD, selon son patron, est «la création de valeur induite par l'agriculture qui a la capacité de contrarier l'exode rural et d'éviter l'afflux sur les villes». «D'ici 2050, le continent africain comptera un milliard d'habitants supplémentaires, dont 60% dans les villes. Cela pose un défi colossal en termes de sécurité alimentaire alors que le continent importe déjà 10% de ses besoins alimentaires», a souligné M. Zerah. En cinq ans, l'AFD a triplé ses engagements et compte consolider son modèle avec l'objectif dit-elle de «rentabiliser au maximum ses engagements en minimisant le coût pour le contribuable, contrainte budgétaire oblige ». 104 millions d'euros de bénéfices Pour 2011, l'agence prévoit d'augmenter davantage son aide. Une démarche qui «s'inscrit dans la volonté de développer nos interventions en Afrique subsaharienne, compte tenu de l'enjeu démographique et de celui du développement des villes africaines», a indiqué M. Zerah. Dans les années à venir, 60% des fonds de l'agence iront ainsi à l'Afrique subsaharienne qui compte 14 pays prioritaires classés dans les Pays les moins avancés (PMA). Ils ont bénéficié en 2010 de 467 milliards d'euros, soit 82% des subventions de l'Etat français. «Nous ne sommes pas en mesure de faire des prêts (aux PMA). Il y a une doctrine en la matière. Ces pays ayant bénéficié de mesures de désendettement, on ne peut pas à nouveau leur accorder des prêts (…) C'est l'une des raisons pour laquelle, nous allons (…) principalement concentrer les subventions sur les 14 pays prioritaires et sur les secteurs de l'éducation et de la santé». A côté, poursuit Dov Zerah, les prêts bonifiés seront consacrés notamment à l'agriculture, à l'agro-industrie et aux infrastructures. «Là, il n'y a pas de quotas, de dotations, ce sont les projets que nous avons». L'AFD ambitionne également d'«accompagner les évolutions récentes » en Méditerranée en investissant dans « le secteur productif et la formation professionnelle». A moyen terme, l'agence veut freiner la croissance de l'activité, en visant 8 milliards d'euros d'engagement d'ici à 2013, et d'autre part de concentrer les interventions, en consacrant 60% de l'effort budgétaire à l'Afrique subsaharienne et 20% sur le pourtour méditerranéen. Avec 832 millions d'euros versés par ses autorités de tutelle (Bercy et le Quai d'Orsay), l'AFD puise l'essentiel de ses ressources financières en empruntant sur les marchés financiers, ce qui lui a permis, en retour, d'engager 6,8 milliards d'euros, principalement sous forme de prêts. L'agence représente 28% de l'aide publique au développement française et dégagé un bénéfice de 104 millions d'euros.