Le 2e sommet entre l'Union européenne et l'Afrique, qui se déroulera du 7 au 9 décembre à Lisbonne (Portugal), fait suite au premier sommet de la même envergure qui s'est tenu les 4 et 5 avril 2000 au Caire (Egypte). La réunion préparatoire des ministres africains des Affaires étrangères avec leurs homologues européens, qui s'est achevée en fin de semaine à Charm El Cheikh (Egypte), a identifié les priorités stratégiques devant constituer l'ossature de l'ordre du jour du sommet de Lisbonne regroupant les chefs d'Etat et de gouvernement de ces deux continents. Paix et sécurité, gouvernance démocratique, droits humains, commerce et intégration régionale ainsi que l'éducation, l'énergie, les changements climatiques, les migrations, la mobilité et l'emploi, sont les principaux sujets qui seront abordés. L'Algérie, présente à ce sommet à un haut niveau, à travers la personne du chef de l'Etat, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, aura à défendre le développement global de l'Afrique tant les déséquilibres structurels des relations internationales, conjugués aux effets pervers de la mondialisation font que le développement économique et social du continent africain reste tributaire du mode de fonctionnement de l'économie mondiale, faisant des pays africains l'objet d'une marginalisation presque totale. L'Algérie, par la voix autorisée du président de la République, a considéré cette situation comme portant atteinte au principe d'égalité des Etats consacré par la Charte de l'ONU, comme elle explique les échecs répétés des négociations commerciales multilatérales et l'exclusion des obligations des pays en voie de développement au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). A ce propos, l'intégration de l'Afrique dans la mondialisation, cheval de bataille du président Abdelaziz Bouteflika qu'il défend sans relâche dans les forums et les rencontres internationaux, tend à une plus grande impulsion politique aux relations entre l'Europe et l'Afrique. Le développement intégré du continent africain, qui demeure le champ privilégié de l'engagement de l'Algérie, n'a de cesse de constituer l'appel du chef de l'Etat, notamment envers les pays membres du G8, afin qu'ils exercent leur influence dans les instances internationales pour "aider l'Afrique à résorber l'énorme déficit qu'elle accuse, en particulier dans le domaine des infrastructures de base" qui handicapent lourdement la valorisation optimale de son potentiel en ressource naturelle. Le règlement de la dette africaine a également figuré en tête des priorités algériennes, particulièrement que l'Union européenne s'y est gardée de faire connaître une position d'ensemble, se contentant de prendre acte de la position africaine qui vise à un allégement de la dette. Nombre de pays africains souhaitent, à ce sujet, qu'un compromis puisse être envisagé entre eux et les pays européens, lequel viserait à les soulager de ce fardeau et de le transformer en projets de développement pour l'Afrique et ce, au regard de l'actuelle tendance à la libéralisation et à la mondialisation et qui pose dans son ensemble de sérieux problèmes pour les pays africains alors que la part de l'Afrique dans le commerce mondial diminue de la manière constante. L'Afrique aspire au besoin de sortir de cette spirale infernale. Cela impliquerait un "traitement spécial" et différencié de la part de l'Union européenne et à la fois dans le cadre de l'OMC. Il est important, à cet effet, de reprendre le dernier communiqué de presse de Eurosat qui fait état d'un déficit commercial de l'Union européenne de 35 milliards d'euros avec l'Afrique enregistré en 2006. L'Afrique représente 9% des importations de l'UE et 8% des exportations. Entre 2000 et 2006, les exportations de biens de l'UE des 27 vers l'Afrique sont passées de 66 milliards d'euros à 92 milliards et les importations de 85 milliards d'euros à 126 milliards. Le déficit de la balance commerciale de l'UE avec l'Afrique a augmenté et est passé de 19 milliards d'euros en 2000 à 35 milliards en 2006, soit 18% du déficit total de l'UE. l'Afrique représente environ 9% du commerce extérieur total des biens de l'UE en 2006. A l'occasion du second Sommet UE-Afrique de Lisbonne, Eurosat, l'Office statistique des communautés européennes, a publié des données relatives aux échanges de biens entre les 27 Etats membres de l'UE et les 53 pays africains. L'Italie et la France principaux partenaires commerciaux de l'UE avec l'Afrique Parmi les Etats membres de l'UE, la France (21 milliards d'euros, soit 23% du total) a été le principal exportateur vers l'Afrique en 2006, suivie de l'Allemagne (16 milliards d'euros, soit 18%) et de l'Italie (13 milliards d'euros soit 14%). L'Italie (31 milliards soit 25%) a été le premier importateur, suivie de l'Espagne (21 milliards d'euros soit 17%) et de la France (20 milliards d'euros soit 16%). Les excédents commerciaux les plus importants avec l'Afrique ont été enregistrés par la Suède (+2 milliards d'euros), la France et la Finlande (+1 milliard d'euros chacun), tandis que l'Italie (- 19 milliards d'euros), l'Espagne (-14 milliards d'euros) le Royaume unis (- 5 milliards d'euros) ont affiché les plus forts déficits. L'afrique du Sud, l'Algérie et la Libye sont les principaux partenaires commerciaux de l'Afrique avec l'UE. Parmi les pays africains, l'Afrique du Sud (20 milliards d'euros soit 22% du total) a été la principale destination des exportations de l'UE/27 en 2006, suivie du Ma roc et de l'Algérie (10 milliards d'euros soit 11% chacun). La principale source des importations de l'UE/27 en provenance de l'Afrique a été la Libye (26 milliards d'euros soit 21%), suivie de l'Algérie (24 milliards d'euros soit 19%) et de l'Afrique du Sud (19 milliards d'euros soit 15%). Les plus importants excédents commerciaux de l'UE/27 avec l'Afrique ont été observés avec le Maroc (+ 3 milliards d'euros), ainsi que l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Soudan, le Sénégal et la Tunisie (entre + 1 milliard et + 1,5 milliard chacun), tandis que les plus forts déficits ont été enregistrés avec la Libye (-22 milliards), l'Algérie (-14 milliards) et le Nigeria (-4 milliards). Les machines et véhicules comptent pour près de la moitié des exportations de l'UE/27 vers l'Afrique, l'énergie pour la moitié des importations En 2006, presque la moitié des exportations de l'UE/27 vers l'Afrique ont été des machines et véhicules et un autre quart a concerné d'autres articles manufacturés (le cuir, le caoutchouc, le bois, le papier, les textiles, les métaux, les équipements pour bâtiment, les meubles, les vêtements, les chaussures, les instruments scientifiques, les horloges, les montres et les appareils photographiques). L'énergie a compté pour un peu plus de la moitié des importations. En détail, les principales exportations de l'UE/27 vers l'Afrique concernent les téléphones mobiles, les médicaments et voitures, alors que les principales importations ont concerné le pétrole et le gaz, les diamants et les fèves de cacao. Si l'on prend en considération cet énorme déficit prouvé par Eurosat, il reste un long chemin à parcourir préviennent les observateurs des relations Afrique-Europe, persuadés que les problèmes de l'immigration, en particulier, requièrent des solutions partagées au vu des défis qu'ils posent de part et d'autre de l'Atlantique ou de la Méditerranée alors que l'an dernier plus de 30 000 clandestins ont afflué vers les Iles Canaries. Les Européens en voulant amener les pays d'origine à maîtriser ces flux devront en échange leur donner les moyens et les mécanismes nécessaires. Selon les avis concordants des délégations africaines présentes dans la capitale portugaise, il est attendu, à l'issue de cette rencontre au sommet, de sceller un "partenariat stratégique" visant en particulier à approfondir le développement et le commerce entre l'Europe et l'Afrique et à organiser de plus en plus une "gestion concertée" des dossiers communs. Des questions qui préoccupent au plus haut degré le continent noir qui espère que ces actions seront mises "noir sur blanc" afin de permettre à cette nouvelle stratégie souhaitée et nécessaire de faire de l'Afrique un partenaire d'égal à égal de l'Europe. Le commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire, le Belge Louis Michel, a précisé dans ce contexte : "Nos Etats membres ont promis de l'argent supplémentaire, un milliard d'euros par an à partir de 2010. La moitié de ces fonds iront aux pays africains". Mais parfois, les promesses ne sont pas tenues, avertit-on du côté africain. Donc, il est attendu du sommet de Lisbonne, pour les deux continents, de renouveler un partenariat politique à long terme, fondé sur un consensus euro-africain au niveau des valeurs et des intérêts communs. Ce sommet ne peut qu'avoir à cœur de réaffirmer les principes fondamentaux tels l'unité de l'Afrique, l'interdépendance entre l'Afrique et l'Europe, l'appropriation et la responsabilité conjointe, le respect des droits de l'homme, des principes démocratiques et l'Etat de droit mais également et surtout le droit au développement. L'importance du partenariat UE-Afrique dans une nouvelle sphère est à même d'offrir une base solide pour des relations ambitieuses et durables entre les deux continents appelés plus que jamais à faire preuve de plus de rapprochement et à tout mettre en œuvre pour concrétiser les décisions du sommet de Lisbonne et à s'engager mutuellement à atteindre les objectifs fixés, à veiller à la mise en œuvre des actions présentées conjointement, pour le bénéfice des peuples d'Afrique et des peuples d'Europe.