L'Emir de l'Etat du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa al Thani, est arrivé hier à Alger pour une visite de travail de quelques heures. Le service de presse de la présidence de la République n'a toutefois pas donné l'objet exact de cette visite, préférant ainsi se cantonner dans des généralités. Seul détail consenti : Cheikh Hamed Ben Khalifa al Thani aura des entretiens avec le président Bouteflika «sur les relations entre les deux pays et les perspectives de leur développement». L'on a ajouté qu'il s'agira également pour les deux responsables de passer en revue les questions régionales et internationales d'intérêt commun et d'examiner les derniers développements de la situation dans la région arabe. Les entretiens en question ont eu lieu à la résidence d'Etat de Zeralda en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, du ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci et du ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel. Mais rien n'a filtré des discussions entre les deux parties. Du côté qatari, ce sont le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Ahmed Al-Mahmoud, le directeur du département des études et recherches au cabinet de l'Emir, Mohamed Nacer Al-Hadjiri, et le secrétaire du ministre des Affaires étrangères pour les affaires du suivi, Saâd Al-Rimihi qui ont assisté à la rencontre. Mais, comme il fallait s'y attendre, rien n'a filtré des discussions entre les deux parties. A l'inverse des autorités algériennes qui semblent vouloir jouer à fond la carte de la discrétion, les responsables qataris n'ont pas hésité à faire savoir que les discussions porteront notamment sur la Libye et la Syrie. C'est du moins ce qu'ont rapporté des médias du Golfe. Si concernant la Libye on ne peut vraiment dire qu'Alger et Doha ont les mêmes approches, il peut en être autrement concernant la problématique syrienne. L'Algérie autant que le Qatar entretiennent des relations suivies et pour ainsi dire normales avec le régime de Damas. Mais dans les deux cas, Alger et Doha peuvent avoir un rôle déterminant à jouer pour le règlement des deux crises. Surtout que les deux capitales entretiennent, et cela jusqu'à preuve du contraire, de bonnes relations autant au niveau politique qu'au niveau économique. Comme en politique rien n'est impossible, il n'est pas exclu que cette entente cordiale persuade les deux pays d'adopter une seule et même ligne de conduite concernant la Libye, la Syrie et les autres grands dossiers qui agitent actuellement le monde arabe. Au-delà, il est attendu aussi que le président de la République demande à l'Emir de l'Etat du Qatar des explications concernant son projet d'élargir au Maroc et à la Jordanie le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et d'en faire un ensemble géopolitique. Des éclaircissements seraient en tout cas les bienvenues dans la mesure où cette initiative, contrairement au discours rassurant qui est tenu ici et là, apparaît beaucoup plus comme un moyen de prémunir les monarchies arabes contre les révolutions démocratiques qui secouent actuellement le monde arabe et de contrebalancer l'influence des autres pays de la Ligue arabe. Ce projet – dont l'annonce était des plus inattendues – pourrait aussi participer à donner le coup de grâce à l'UMA, une union qui déjà est à l'agonie.