La contestation s'intensifie dans le secteur de la santé. Quatrième journée de grève illimitée de l'intersyndicale de santé publique du SNPSP et du SNPSSP et bientôt 8 semaines de débrayage pour le collectif des médecins résidents. On parle déjà d'un recours à l'OMS, alors que des politiques commencent à prendre attache avec les grévistes. Un sit-in remarquable a été tenu hier matin devant le ministère de la Santé par les médecins résidents soucieux de contester les déclarations jugées «insultantes» du ministre. A défaut de pouvoir tenir leur piquet de grève dans l'enceinte des différents hôpitaux – les agents de sécurité les en ont empêchés –, ils ont brandi leurs banderoles face au ministère. Ils étaient plus de 300 grévistes à scander des slogans hostiles à Djamel Ould Abbès. «Super menteur», «Ould Abbès, la santé vous dépasse», «Démission», «Dégage», «L'insulte n'est pas une politique de santé» ; les médecins résidents n'ont pas mâché leurs mots ! Encerclé par un important dispositif policier, le rassemblement a duré deux heures, durant lesquelles les grévistes n'ont pas manqué de faire des révélations qui ne font qu'accentuer la tension qui règne dans le secteur. «Des policiers rôdent dans les hôpitaux, on a été empêchés de tenir notre piquet de grève ce matin (hier, ndlr), c'est un véritable état de siège !» Un résident ne manque pas de préciser que le Camra compte saisir l'OMS pour se plaindre de cette violation de la charte hospitalière. Comme pour envenimer une situation déjà assez tendue, des politiques ont pris attache avec les médecins grévistes. «Deux députés de l'Alliance présidentielle nous ont approchés pour nous proposer leur aide, l'un d'eux s'est d'ailleurs montré très franc en avouant qu'il voyait dans les plus de 6000 résidents grévistes une force électorale à saisir !», confie un autre résident. Même si le rapport de force est indéniable, les deux parties sont encore en négociation. «Une négociation de façade», note une résidente qui n'est pas convaincue par l'installation de la commission des sages, censée statuer sur l'éventuelle abrogation du service civil. «Nous doutons de la bonne foi du ministre dans sa prétendue envie de négocier et il est évident que lorsqu'on veut négocier, on n'applique pas des mesures répressives doublées de menaces en tout genre», souligne le Dr Yelles, délégué de l'hôpital Mustapha. De son côté, l'intersyndicale tiendra son rassemblement dimanche prochain. Des actions communes à ces trois forces syndicales sont également envisagées. Deux délégués du SNPS ont été suspendus, a-t-on appris, hier en fin d'après-midi, de source syndicale.