Il ne s'agit pas de raviver la douleur, mais plutôt de rappeler l'Algérien au souvenir. L'assassinat, en juillet dernier, des deux diplomates algériens en poste à Baghdad fut un événement affligeant. La nouvelle a peiné tous les Algériens. Hommes et femmes, grands et petits. Leur exécution sauvage a été condamnée par le monde entier. Ali Belaroussi, 62 ans, chargé d'affaires à l'ambassade d'Algérie à Baghdad et Azzedine Belkadi, 47 ans, attaché diplomatique, ont été effroyablement assassinés deux semaines après leur enlèvement. Tout le monde avait entretenu l'espoir de les revoir vivants, jusqu'au moment fatal. Leurs parents, proches et amis ont vainement prié pour qu'ils reviennent sains et saufs. Vainement, puisque, malheureusement, l'espoir des deux familles s'est brusquement estompé avec l'annonce, par les autorités algériennes, de la nouvelle de leur exécution, le mercredi 27 juillet dernier par le sinistre groupe Al Zarqaoui. L'odieux assassinat des deux représentants algériens a été justifié par le chef d'El Qaîda par la non-application par l'Algérie de la charia. Enlevés le 21 juillet dernier au quartier Al Mansour, dans la capitale irakienne, le groupe Al Zarqaoui a revendiqué sur internet leur rapt deux jours plus tard. Les ravisseurs ont accusé Azzedine Belkadi, natif de Béjaïa, qui venait juste de prendre ses fonctions à Baghdad, d'être un membre des services de renseignement algérien et « d'avoir participé aux massacres de Raïs et Bentalha en 1997 ». Ali Belaroussi, qui devait prendre sa retraite deux mois après (en septembre dernier) après 20 ans de carrière, a été traité par le GSPC de « nationaliste hostile à l'édification d'un Etat islamique ». Les condoléances des hautes autorités algériennes n'ont ni soulagé ni apaisé la douleur et la colère des deux familles. Une seule phrase revenait dans la bouche des filles et du fils du diplomate Ali Belaroussi : « Nous exigeons la dépouille de notre père pour faire notre deuil. » Toutefois, jusqu'à ce jour, leurs parents et enfants n'ont pas vu la dépouille des leurs. Ce fait les marquera à jamais et sèmera au fond d'eux le doute quant au sort de leurs père et fils.