Il ne sortait presque jamais. Le matin, il prenait sa voiture à l'intérieur de la cour du domicile et ne s'arrêtait qu'en arrivant à l'intérieur de l'ambassade, un kilomètre plus loin. De l'ambassade, il rentrait directement à la maison », indique, la voix fatiguée, l'épouse de Ali Belaroussi, chargé d'affaires à l'ambassade d'Algérie, 62 ans, père de quatre enfants, enlevé à Baghdad jeudi dernier au quartier Al Mansour, en compagnie de son collègue Azzedine Belkadi, attaché diplomatique, célibataire, 47 ans. Contactée hier par téléphone à son domicile à Baghdad, l'épouse Belaroussi semble partagée entre l'angoisse et l'espoir, suivant les programmes des chaînes d'information et attendant d'une minute à l'autre que tombe une nouvelle. « Jeudi, mon époux m'a appelé de l'ambassade vers 14 h (heure locale). Il avait invité Azzedine Belkadi pour déjeuner ensemble à la maison. D'habitude, il met 10 minutes pour arriver. A 14h20, quelqu'un qui s'est présenté comme journaliste de la BBC m'a appelé pour confirmer la nouvelle de leur enlèvement. J'ai été surprise. Il m'a dit qu'il avait entendu la nouvelle depuis à peine un quart d'heure. J'ai tout de suite téléphoné à l'ambassade. Je constatais qu'ils n'arrivaient toujours pas. A l'ambassade, ils m'ont dit il n'y avait rien, puis... Je sais juste qu'ils ont été kidnappés à 200 mètres de l'ambassade et que nous n'avons aucune nouvelle depuis. ». La dame laisse sa douleur suspendue. « On ne se sentait pas menacés. Jamais les diplomates algériens ne se sentaient en danger. Nous n'avons aucun problème avec les Irakiens. Mais on faisait attention. Mon époux a refusé d'avoir des gardes du corps pour ne pas trop être visible. Moi, je vais de temps en temps au marché à côté. Pas plus loin. Mon époux ne sortait que rarement. Mais depuis l'enlèvement du diplomate égyptien (Ihab Al-Charif, chef de mission, enlevé début juillet) il n'allait même plus chez le coiffeur », indique la femme du diplomate en poste à Baghdad depuis 18 mois, et qui devait terminer bientôt sa mission en Irak. « Je prie Dieu pour qu'ils soient relâchés. » Sa prière raisonne à 8000 km de là avec une profonde douleur et une forte espérance.