«Le roi des rois d'Afrique» est désormais un homme seul. Medvedev a fini par rejoindre le front de refus d'une Libye avec El Gueddafi. C'est le début de la fin (peu glorieuse) pour Mouammar El Gueddafi. Accroché à l'espoir de voir ses amis russes sauver sa tête mise à prix depuis des semaines, le vieux colonel va devoir résister seul face à la communauté internationale moins l'Union africaine qu'il arrose avec ses pétrodollars. La dernière digue qui soutenait encore son «royaume» a sauté, hier, à Deauville, où se tenait le sommet du G8. La Russie de Dmitri Medvedev l'a lâché publiquement en signant la déclaration finale du sommet qui souligne expressément qu'El Gueddafi avait «perdu toute légitimité (…) qu'il n'a pas d'avenir dans une Libye libre et démocratique (…) et qu'il doit partir». C'est le développement politique majeur intervenu hier durant la grand-messe des puissants, où l'avenir d'El Gueddafi se conjuguait à l'imparfait. Comme il fallait s'y attendre, l'ours blanc Medvedev a fini par foncer droit sur son ex-allié en l'assommant d'une déclaration tonitruante qui aura irrémédiablement envoyé El Gueddafi sur le banc de la communauté internationale. «Le monde ne le (Mouammar El Gueddafi) considère plus comme le leader libyen», a commenté le président russe, unique soutien jusque-là du dictateur libyen. Un lâchage en bonne et due forme. Pis encore pour le colonel ainsi dégradé, le président russe a accepté la proposition de ses partenaires du G8 d'assurer une «médiation» dans le conflit libyen. De médiation, il s'agit en fait de convaincre le «guide» de cesser le feu et rentrer chez lui, faute de quoi les alliés vont prendre d'autres mesures, comme ils ont menacé de le faire hier. Le président russe, Dmitri Medvedev, a annoncé hier, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet du G8 de Deauville (nord-ouest), l'envoi d'un émissaire à Benghazi. Le coup de grâce Dmitri Medvedev a indiqué à la presse que le haut représentant russe pour l'Afrique, Mikhaïl Margelov, allait se rendre dans le fief de la rébellion libyenne. «Il part pour Benghazi de manière littéralement imminente», a déclaré le président russe. «J'ai offert notre médiation à nos partenaires», a-t-il précisé. «Tout le monde pense que ça sera utile», a-t-il ajouté. C'est dire que le sommet de Deauville a signé le début de l'automne du patriarche de Tripoli. Le président américain, Barack Obama, a dit crûment ce que tous les puissants du monde glissaient diplomatiquement. «La coalition doit finir le travail en Libye», a-t-il asséné, sentencieux. C'est dire qu'au-delà de son impact diplomatique, le lâchage d'El Gueddafi par Moscou pourrait ouvrir la voie à des actions militaires musclées de la part de l'OTAN, avec cette fois la bénédiction du «tsar» Medvedev. Pour cause, on parle déjà d'une «nouvelle phase» militaire avec le déploiement d'hélicoptères d'attaque britanniques aux côtés des Français.El Gueddafi et ses troupes n'ont désormais plus qu'un choix : accepter le «verdict» de Deauville avec peut-être un bon de sortie moins risqué, ou continuer la guerre quitte à transformer son bunker de Bab Al Azizia en champ de ruine. Difficile pour autant de supputer sur le choix qui sera fait par un homme dont la mégalomanie l'a fait s'autodésigner «roi des rois d'Afrique !»