El-Gueddafi est aussi un nouvelliste. Un romancier. Cela n'est pas une blague, ni un poisson d'avril ! El-Gueddafi n'est pas uniquement le “roi des rois africains”, il est également roi de la littérature arabe et roi des écrivains arabes contemporains. El-Gueddafi n'est pas uniquement colonel de l'armée libyenne, il est aussi colonel de la littérature arabe moderne. Chères lectrices, chers lecteurs, je vous informe qu'El Gueddafi a publié un recueil de nouvelles hors pair !! intitulé “La campagne la campagne.. La terre la terre.. Suicide de l'astronaute” ! Cela n'est pas une blague. Ce petit livre n'est pas le deuxième tome de son coran, Le Livre vert, c'est de la création ! De l'imagination d'un colonel littérateur ! Après la publication de ce recueil de nouvelles, El-Gueddafi a été couronné chevalier suprême de littérature arabe moderne par “le chef suprême de l'union des écrivains arabes” qui n'est que l'Egyptien appelé Mohamed Salmaoui. Dans une cérémonie pompeuse, le chef suprême des écrivains arabes a remis officiellement le bouclier de la littérature arabe au romancier et colonel de la littérature arabe Mouammar El-Gueddafi. L'allégeance ! Et El-Gueddafi n'est pas uniquement colonel de littérature arabe moderne, il est également le fondateur d'un prix littéraire international. Et ce prix littéraire international d'El-Gueddafi est décerné, selon son statut de création, à un écrivain défenseur des droits de l'homme et de la liberté d'expression. J'ai oublié de vous rappeler que le colonel Mouammar El-Gueddafi est venu à la tête du pouvoir en Libye par le train d'un putsch militaire. Vous rappeler aussi qu'il est là dans son baldaquin divin depuis le 1er septembre 1969 ! 1969, oui 1961! Quand un colonel de l'armée et de la littérature enfanta un prix international de littérature célébrant les écrivains défenseurs des droits de l'homme, saluant les livres fêtant la liberté de l'imaginaire, cela est un événement apocalyptique ! Cataclysme ! Un film. De la pellicule ! Mais ce qui a brouillé l'état d'âme du colonel de la littérature arabe c'est le comportement de ce Juan Goytisolo. Un écrivain espagnol mal éduqué. Insoumis. Ce Juan Goytisolo a refusé de recevoir le prix littéraire international du colonel de l'armée, roi des rois d'Afrique et colonel de la littérature arabe contemporaine. Le colonel de la littérature arabe a été surpris de l'acte “immoral”, “irresponsable” de ce romancier de Maqbara (c'est le titre d'un des meilleurs romans de Goytisolo), en commentant ce refus dans des expressions presque inaudibles. Mais c'est qui ce Juan Goytisolo ? Et pourquoi ce Juan Goytisolo ose repousser ce prix littéraire de 150 000 euros ? Ce Juan Goytisolo, fils de l'Andalousie, n'est que l'ami du peuple palestinien. Un autre Jean Genet ! Un autre Kateb Yacine. Dans sa lettre destinée au président du jury du prix international, Juan Goytisolo a bien exposé les raisons de son refus : “D'abord, j'ai refusé ce prix par respect au peuple libyen. Ensuite, l'argent de ce prix n'est que celui appartenant au peuple libyen opprimé. Puis je ne peux pas imaginer ni accepter un prix international littéraire consacré aux écrivains défenseurs des droits de l'homme donné par un colonel qui a confisqué le pouvoir par un coup d'Etat militaire. Et il est à la tête du pouvoir de son pays depuis presque un demi-siècle. Séisme ! Chères lectrices, chers lecteurs, mais la profonde amertume intellectuelle, pour moi, c'est de constater la participation de quelques écrivains algériens de notre génération : romanciers, poètes et universitaires appartenant à des tendances idéologiques différentes, dans des rencontres littéraires pompeuses sur “El Gueddafi créateur littéraire” ! Quelques écrivains arabophones algériens sont venus au seuil de la porte du palais présidentiel de Tripoli de la Libye pour rendre allégeance littéraire au colonel de littérature arabe moderne. Je ne veux pas dévoiler les noms de ces romanciers et poètes confirmés ! Des noms très médiatisés! Très ambigus! Et qui, depuis un certain temps, sont hantés par un seul souci : comment décrocher un prix littéraire donné d'une main d'un cheikh ou d'une cheikha ou même d'un colonel. A. Z. [email protected]