C'est à partir du 25 décembre 2005 que la loi 04/19 du 25 décembre relative au placement des travailleurs et au contrôle de l'emploi entrera en vigueur. Cette nouvelle législation, actualisée en s'inspirant de l'esprit d'une loi de 1963, obligera les employeurs à recruter les travailleurs par le biais de l'Agence nationale de l'emploi et de la main-d'œuvre (ANEM) ! La nouvelle réglementation a été déterrée à la suite des émeutes ayant secoué la wilaya de Ouargla. L'on se souvient que les habitants de cette ville, particulièrement sa jeunesse, ont revendiqué l'emploi dans les entreprises pétrolières installées dans ce qui est appelé communément l'Algérie utile tout en contestant le recrutement des agences privées qui se sucrent de cette activité. Le placement des travailleurs constitue un enjeu pour les partenaires sociaux. Le clientélisme et les passe-droits sont devenus une règle de gestion dans certaines entreprises. Les exemples ne manquent pas. Ils sont le plus souvent codifiés. « Une disposition conventionnelle relative à l'embauche a été entérinée dans ce sens par le syndicat et l'employeur du complexe moteurs tracteurs (CMT) d'Oued Hamimim », affirme un syndicaliste. Cet arrangement stipule que la priorité au recrutement revient aux enfants des travailleurs en exercice ou en retraite ! Cette pratique est d'usage également dans le complexe des tabacs (SNTA) ; celui de l'usine de production des machines-outils (PMO) et de la minoterie les moulins de Sidi-Rached du groupe Smide... Outre le secteur économique à charge capitalistique, ce procédé existe également dans les administrations publiques. « Nombre de conflits sociaux ont été suscités par des syndicats dont la plupart d'entre eux se sont transformés en agences de l'emploi ! », nous confie un inspecteur du travail. L'écrasante majorité des membres de ces organisations qui dénonçaient les passe-droits de l'employeur sont devenus « des maîtres dans le placement des travailleurs », affirme un contremaître en retraite à qui l'on a refusé le placement de son fils. Parfois, ces embauches se font contre l'intérêt de l'entreprise. L'exemple le plus édifiant est celui de CMT qui accuse un déficit chronique en cadres diplômés issus des grandes universités. « Certains de ces administrateurs et ingénieurs de boîte sont devenus des cadres dirigeants ! », soutient un syndicaliste. « La précarité des emplois sous-payés par l'abus de la pratique des contrats à durée déterminée (CDD) a influé négativement sur le mouvement syndical de progrès. La rentabilité économique et financière en pâti en raison de la carence en main-d'œuvre hautement qualifiée capable d'intérioriser les avancées technologiques les plus récentes » ajoute-t-il. L'ANEM aura du pain sur la planche avec l'entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation. Les employeurs auront un éventail dans la sélection des postulants sur le marché de l'emploi. Néanmoins, « le déficit en main-d'œuvre qualifiée se fait sentir déjà dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Les constructeurs ne trouvent plus sur le marché du travail des ferrailleurs et des coffreurs pour l'accomplissement des gros œuvres de béton de leurs chantiers entamés dans le cadre de la relance du BTP. Ces bâtisseurs sont à la recherche de bras quitte à leur apprendre sur le tas », dira un responsable de l'ANEM qui accueille beaucoup d'offres sans demandeur. « Et il sera de même durant les travaux de finition ou le besoin de maçons ; de carreleurs ; de faïenciers ; de plâtriers ; de plombiers... se fera grandement sentir », conclut notre interlocuteur. Sur ce sujet, un inspecteur du travail fera remarquer que « le partenariat avec les Chinois dans le domaine du bâtiment constitue une duperie ». Ils ont appris sur le dos de nos ouvriers, constate-t-il. Leur procédé est simple, ajoute-t-il, « ils recrutent un Algérien qualifié qu'ils entourent par 4 à 5 des ‘'leurs'', issus de leur lumpenprolétariat en leur conseillant d'apprendre. Après les heures légales du travail, leur contremaître les rappelle pour des exercices pratiques ». L'Algérie est non seulement importatrice des produits alimentaires et autres mais aussi de la main-d'œuvre manuelle. C'est une véritable humiliation !