Après plus de 20 années passées dans ces ghettos, les résidants réclament des actes de propriété afin de pouvoir reconstruire leur foyer et se débarrasser des gourbis en amiante qui les dévorent. Près de 100 familles sont exposées à la menace mortelle de l'amiante à Haouch Gazouz, dans la commune de Birtouta. Cette cité, constituée d'habitations précaires, est située sur la voie rapide menant vers la localité de Baba Ali. Les habitants affirment que leur crainte de contracter des «maladies incurables» augmente de jour en jour. «Nous sommes logés sous des toits en amiante, et nos enfants respirent ce poison. Notre vie est menacée, mais sans que les autorités concernées interviennent pour nous délivrer de ce traquenard» tonne un homme d'un certain âge. Selon lui, les résidants de cette cité sont victimes à la fois «des promesses des responsables et des contraintes bureaucratiques». En fait, ces constructions agricoles ont été livrées à la fin des années 1980, avant même qu'elles ne soient achevées. «Pourtant, nous avons versé le montant exigé par les autorités», raconte un homme d'un certain âge. Selon lui, ce sont les citoyens qui avaient terminé les travaux. Après plus de 20 ans passés dans ces ghettos, les résidants réclament des actes de propriété afin de pouvoir reconstruire leurs foyers et se débarrasser des gourbis en amiante qui les dévorent. «Nous avons saisi les services de l'APC et de la daïra, ils nous ont promis de régler le problème, mais sans que rien de concret ne soit fait», se plaint-on. Au fil des années, la situation s'est encore compliquée. Le nombre de résidants a augmenté, et les 40 logements n'arrivent plus à contenir toutes les familles. «Nos enfants ont grandi et se sont mariés. Nous sommes piégés par l'exiguïté», expliquent-ils. Les habitants de Haouch Gazouz affirment d'ailleurs ne pas vouloir quitter cette localité rurale. Ils craignent que seuls les premiers locataires seraient relogés et que les nouvelles familles seront écartées des programmes de l'Etat. «Certaines habitations sont occupées par trois et quatre familles, elles ne peuvent pas vivre ensemble dans des F3», soulignent nos interlocuteurs. Par ailleurs, les habitants de cette cité demandent l'assainissement de l'oued qui passe à proximité de leurs foyers et qui tend à devenir une véritable source d'ennui. Ce cours d'eau est infect, il dégage des odeurs nauséabondes et des essaims de moustiques. «Il n'y a pas que l'amiante qui menace la santé de nos enfants, cet oued pollué représente un sérieux vecteur de maladies», se désole un citoyen. Comme un malheur n'arrive jamais seul, une autre menace vient semer la peur parmi les habitants. Il s'agit des câbles électriques qui traversent les habitations et mettent leur vie en danger. Les services de Sonelgaz ont été alertés à maintes reprises. «Ils sont venus il y a près de deux mois, ils ont fait le constat et ont pris des photos. Mais depuis, ils ne sont plus revenus», relève, inquiet, un habitant. «Je ne comprends pas leur attitude, ils nous abandonnent après avoir constaté de leurs propres yeux le danger de mort qui nous guette», s'exclame un jeune résidant.