«On dirait que la passerelle coûte plus cher que nos vies», s'indigne un père de famille. Environ dix personnes perdent la vie, chaque année, sur l'autoroute traversant Haouch Roussi, dans la commune de Birtouta. Les habitants de cette bourgade vivent avec le cauchemar permanent de se voir faucher par un véhicule. Ils affirment que leur vie est suspendue à un petit projet nommé «passerelle». Face à «l'insouciance» des autorités locales, les habitants n'ont pas trouvé mieux que de plaquer des banderoles, à l'entrée de leur cité, sur lesquelles on pouvait lire : «Délivrez-nous du danger de mort sur l'autoroute», «Construisez une passerelle». Les habitants affirment avoir saisi «des centaines» de fois les autorités locales, «hélas, l'hécatombe se poursuit, sans que les responsables de la commune jugent utile de la construire». Des résidants, rencontrés sur place, ont exprimé leur désarroi et ont dénoncé l'attitude des autorités. «On dirait que la passerelle coûte plus cher que nos vies», s'est indigné un père de famille. Selon lui, des travailleurs, des personnes âgées, voire des hôtes ont péri sur cette voie rapide. Les accidents, indique-t-on, ont fini par devenir une fatalité. «Nous sommes obligés de traverser l'autoroute pour pouvoir prendre, de l'autre côté, le bus vers la station de voyageurs de Birtouta et vaquer à nos occupations», disent-ils. De jeunes résidants assurent qu'ils ne comptent pas sortir dans la rue, pourtant, soutiennent-ils, «les responsables ne semblent comprendre que le langage de la protestation». «Et pour preuve, expliquent-ils, les autorités locales ont construit une passerelle, il y a deux années, à Haouch El Hadj, distant de près de 300 mètres de cette cité, après que les résidants eurent bloqué la route, suite au décès d'un homme âgé, percuté par un véhicule». Pourtant, seulement une dizaine de familles y résident. «Haouch Roussi, par contre, est habité par plus de 120 familles, n'empêche qu'il n'a pas bénéficié d'un tel projet», s'indignent-ils. Nos interlocuteurs relèvent par ailleurs, que les élèves n'encourent pas de grands risques, puisqu'ils sont transportés par des bus scolaires, «ce sont plutôt les adultes qui en paient les frais». «Les travailleurs, soulignent-ils, ont le choix, quotidiennement, entre parcourir une longue distance jusqu' à Haouch El hadj, pour emprunter la passerelle et attendre le bus de transport des voyageurs, ou traverser l'autoroute au péril de leur vie.» «Dans les deux cas, expliquent-ils, il faut patienter plus d'une demi-heure pour arriver à la station de bus.» L'autre revendication exprimée par les habitants de ce haouch, situé sur la voie rapide reliant Birkhadem à la municipalité de Birtouta, est l'octroi d'actes de propriété des lots de terrain qu'ils occupent. «Nous habitons ici depuis l'indépendance, nous sommes ni relogés ni autorisés à construire des bâtisses dignes de ce nom», s'est plaint un père de famille, qui demande le règlement de ce problème et l'amélioration de leurs conditions de vie.