Quatre ans d'absence après le succès phénoménal l'ayant révélée sur la scène internationale, avec Whener, Wherever issu de l'album Laundry Service, Isabel Mebarek Ripoll alias Shakira, la Colombienne d'origine libanaise, est revenue, à 28 ans, avec d'abord, un CD intitulé Fijacion Oral, au début de juin 2005. Un album, foncièrement en espagnol, plutôt faisant dans la variété romantique, à la sombre atmosphère, à la jaquette maternelle (Shakira y berce un bébé). A l'exception du titre sensuel, tanguant (tango moderne) et lascif de La Tortura. Un duo avec Alejandro Sanz. Apparemment, le clip de La Tortura est très « hot » et show. Il s'agit d'une première version destinée à l'Amérique latine et autres pays partageant la langue de Cervantès. Et puis récemment, elle récidive, six mois après, avec un second album. Un deuxième volume dont le titre est Oral Fixation. Sur la pochette, Shakira se prend pour Eve (encore une fois l'instinct maternel). On l'aura compris ! Un Opus entièrement interprété en anglais pour le reste du monde. Marketing oblige (remember le hit Wherever, Whenever) Pour ce faire, Shakira « remettra » à contribution, le producteur de hip-hop et hard rock, Rick Rubin, ayant déjà officié sur le premier opus Fijacion Oral. Et Rick Rubin n'est pas n'importe qui. Son pedegree de producteur comprend le rappeur LL Cool J, Beastie Boys (Licensed III), Mick Jagger (Wandering Spirits), Tom Petty (Wildflowers), Slayer (Reign in Blood...), AC/DC (Ballbreaker), Johnny Cash (American Recording) ou encore Red Hot Chili Peppers, dont il a produit déjà l'album Stadium Arcadium sortant en 2006. Aussi, Oral Fixation est franchement plus rock, pop et heavy metal. Comme Joan Jett En fait, un skeud dispensant l'étendue du son pop-rock. Une sorte master class ou un exercice de style où Shakira semble exceller. Un registre distillant et empruntant des références du rock. L'album s'ouvre sur How Do You Do, polyphonique et grégorien à la mode de Enigma. Le single de promotion Don't Brother, une ballade pop-rock s'imprimant sur le gros son du groupe irlandais U2. Donc, sur un rythme de l'élévation sonique du guitariste The Edge et des cordes basses caractéristiques de Adam Clayton. The Day and the Time est du rockabily latino, Dreams For Plans est une ballade pop proche de l'univers de George Harrisson (Here Comes the Sun), Hey You, est une leçon (bien assimilée) mâtinant pop « beatlemanienne » avec un clin d'œil à Sergeant Pepper, du punk-rock de Clash, Blondie et celui de Chrissy Hynde et les Pretenders, du heavy metal pionnier de Kashmir de Led Zeppelin et même du rock « gentillet » du pianoman Billy Joel ( Up Town Girl). Là, Shakira est la muse du rock. Your Embrace est une étreinte à la déclinaison de Dido, et aussi country et rock marécageux des bayous de Louisiane. Avec Costume Makes the Clown, Shakira fera fort. Un hard rock arabisant mêlant la vélocité de Joan Jett and The Hartbreakers (I Love Rock'n'roll) et le heavy metal classieux de David Coverdale (White Snakes). Mais les chansons à l'effet drogue demeurent Animal City, du rockabilly épicé et relevé latino, tex mex et hispanique. Un rock de Desperado s'inspirant de My Sherona du groupe australien Nack. Shakira y fait sonner les trompettes et hurler les Marshalls. Un titre ayant du chien... andalou et du mordant. Ilegal est une belle ballade slow à l'introduction « eltonjonniène » où s'invite un certain Carlos Santana. Aux premiers riffs, on reconnaît la tablature du grand guitariste. Santana y fait hennir sa six cordes en lui arrachant des notes blues plaintives et larmoyantes et ce zéphir. Un cadeau, quoi ! Timor est le tube en puissance. Hommage au Timor Un hommage et un titre engagé de Shakira à l'endroit du Timor oriental. Ici, l'on perçoit le feeling d'une Shakira chantant avec ses tripes en s'époumonant sans trémolos dans la voix, et ce, sur un rythme endiablé et faisant allégeance à U2, Pink Floyd (rock choral et enfantin de The Wall) et du phrasé rédhibitoire, encore une fois, de Dido. Et tantôt indy et electronica. Dans le texte, elle dit : « Tout va bien, le système est fiable ; Les bons sont au pouvoir ; Nous vivons dans une démocratie/ Si tu les oublies, s'ils nous oublient ; alors, c'est urgent ; Timor oriental...On ne fait que regarder la télévision sans savoir... » Bref, des abcès de fixation, les soliloques d'une « charika gadra » (du béton).