Les cinq jours de grève ont coûté à Algérie Poste plus de 100 millions de dinars de pertes sèches. Les syndicalistes qui croisaient le fer depuis samedi dernier avec le ministère de tutelle ont paralysé 300 bureaux de poste durant la journée de samedi et 137 agences durant la journée d'hier. Les chiffres évoluaient à la baisse, «une variation due à une guéguerre intersyndicale qui opposait des fractions au sein de la même fédération UGTA des postiers», avons-nous appris hier de sources syndicales.Outre un manque à gagner qui dépasse les 100 millions de dinars, généré par le blocage, les opérations de transfert de fonds ont été mises à rude épreuve. Plusieurs centres de paiement étaient à cet effet déclarés à sec durant la semaine de grève, infligeant des désagréments importants aux usagers. Mauvais calcul syndical ou période délibérément choisie ? La semaine de grève intervient dans un moment qui sépare les deux bouts du mois, le début et la fin, réputée riche en affluence. Hier, au niveau de la Grande-Poste d'Alger, alors que le personnel se rassemblait à l'extérieur des locaux, plusieurs usagers se trouvaient face à une situation paralysante. «Je me demande si le choix de la date de cette grève (fin et début du mois) a été fait de manière délibérée pour nous mettre dans de tels embarras», s'indigne un usager, rencontré à l'intérieur du centre de paiement de la Grande-Poste. Au niveau du ministère de tutelle et d'Algérie Poste, les pertes financières s'accumulaient, fragilisant davantage la santé financière de cet établissement public. Selon des sources du ministère de la Poste et des TIC, Algérie Poste fait un chiffre d'affaires de 700 millions de dinars par mois. Un simple calcul arithmétique fait ressortir des pertes financières d'environ 116 millions de dinars dues aux cinq jours de grève à laquelle ont appelé les syndicalistes de l'UGTA. L'entreprise est confrontée à une charge salariale additionnelle de 600 millions de dinars, liée aux derniers accords salariaux conclus au profit des travailleurs. Les comptables du ministère de tutelle estiment que «d'autres charges salariales seraient préjudiciables pour la santé financière d'Algérie Poste». Cet établissement qui fait un chiffre d'affaires annuel de 25 milliards de dinars peine à dégager des capitaux pour le financement de l'équipement et l'investissement. Les charges salariales coûtent à l'entreprise 18 milliards de dinars par an, selon des chiffres obtenus auprès du ministère de la Poste et des TIC. Incapable de financer ses investissements et l'acquisition des équipements, Algérie Poste recourt au soutien de l'Etat pour pouvoir maintenir le rythme de son développement. Selon d'autres indiscrétions, «les fourchettes salariales ont été multipliées par trois depuis 2003. En 2004, une nouvelle grille des salaires a vu le jour. L'entreprise a adhéré aussi aux revalorisations salariales décidées lors de la tripartite de septembre 2006 ainsi qu'à celles de janvier 2010 à hauteur de 25%». Pour ainsi dire, les pertes dues à la grève risquent de peser lourdement sur la trésorerie de l'entreprise.