A peine l'UGTA a-t-elle signé le pacte économique avec le gouvernement que la contestation du monde du travail reprend sur le terrain. Ainsi, après la colère du syndicat (UGTA) du personnel navigant commercial (PNC) de la compagnie de transport aérien Air Algérie, contre « les mauvaises conditions de travail », c'est au tour des syndicalistes (UGTA) d'Algérie Poste de monter au créneau pour dénoncer « la confiscation du droit à la participation au débat sur l'avenir de l'entreprise, la fermeture des portes du dialogue et le retard mis dans le paiement des indemnités des travailleurs ». Dans un communiqué signé et paraphé par neuf sections syndicales de Algérie Poste, les syndicalistes ont déclaré avoir déposé une plate-forme de six revendications auprès de la direction générale. Il s'agit de « la révision des primes de positionnement, le paiement des indemnités, notamment la prime d'intéressement, l'élaboration d'une nomenclature des postes à même de répondre aux tâches réellement exercées, le rappel de la responsabilité de l'administration quant à la gestion de l'emploi des fonds des œuvres sociales, le respect de la convention collective notamment en matière de mutation d'office et la révision des horaires du mois de Ramadhan en tenant compte de la complexité des arrêts des écritures et la difficulté du travail dans les bureaux de poste. Si pour dans le communiqué, aucune date n'a été avancée pour le mouvement de grève, certains responsables syndicaux ont affirmé à travers les journaux, qu'un arrêt de travail est prévu le 14 octobre prochain, précédé par des assemblées générales au niveau des bureaux de poste. Ces déclarations ont provoqué un véritable séisme au sein de la Fédération des postes et télécommunications, dont le secrétaire général a tenu hier une conférence de presse, en présence de nombreuses sections syndicales et de celle des cadres de Algérie Télecom et de Algérie Poste. M.Boufenara, chargé de la communication à Algérie Poste, a reconnu que les 25 000 postiers « travaillent dans des conditions difficiles, du fait de la pression exercée sur eux par les clients, notamment durant ce mois de Ramadhan, intervenu durant la semaine des paiement des retraites et des salaires où le nombre des opérations par jour a atteint les 2 millions... ». Abondant dans le même sens, M. Zerarka, chargé des ressources humaines à d'Algérie Télécom, est plutôt revenu sur les étapes que l'entreprise a traversées depuis sa filialisation et son passage à d'une entreprise étatique à une société commerciale. Lui emboîtant le pas, le secrétaire général de la Fédération, Mohamed Tchoulak, a mis plutôt l'accent sur « les acquis arrachés » ces dernières années « grâce aux efforts » de son organisation syndicales à savoir l'UGTA . « Nous avons demandé une augmentation salariale de 20 %. Le principe a été accepté et nous attendons juste qu'elle soit endossée par le Conseil d'administration et l'annonce sera faite avant le 15 octobre prochain. » M. Tchoulak a sévèrement critiqué la réaction de « certains groupes qui ont assené un coup de couteau dans le dos de l'UGTA », a-t-il déclaré, avant de lancer : « Personne n'a le droit de décréter la grève après la signature du pacte social. Une telle mesure a ses réglements et ses lois. » Il a mis en garde les syndicalistes contestataires contre « toute tentative d'anarchie », en rappelant à « chacun ses responsabilités ». « Nous allons sanctionner ceux qui sortiront de la légalité. Je suis le seul représentant des travailleurs des postes et télécommunications. C'est la base qui m'a élu et c'est à elle de me faire partir. La grève est une décision qui relève uniquement du syndicat dont je suis le seul porte-parole. Avec ses 7 millions de clients, Algérie Poste est la plus grande banque d'Afrique et nous n'avons pas le droit de prendre en otage cette clientèle ni l'entreprise. » Abordant la question de la prime d'intéressement, revendiquée par les syndicalistes contestataires, M.Tchoulak a noté qu'il s'agit d'un droit qui ne sera jamais enlevé. « Nous l'avons introduit et il ne sera pas question qu'il soit remis en cause. De plus, les travailleurs vont bénéficier des dernières augmentations et de la revalorisation du SMIG. Les négociations dans le cadre des conventions de branche sont achevées et les résultats pourront être annoncés incessamment. Toutes les indemnités des travailleurs seront revues à la hausse. Nous ne voulons pas que ces acquis soient entachés par l'anarchie. L'Algérie a besoin de stabilité, c'est pour cela que l'UGTA a paraphé le pacte économique et social », a lancé le secrétaire général de la Fédération. Interrogé sur la situation organique des sections syndicales et du bureau fédéral, M.Tchoulak a reconnu que depuis 1998, fin de son mandat, le bureau n'a pas fait son congrès pour le renouvellement des instances. « C'est un problème qui touche toutes les structures de l'UGTA, à commencer par le secrétariat national. Mais, lorsque dans les 48 wilayas vous avez des sections locales qui se voient refuser par le chargé de l'organique le renouvellement de leurs structures, ou la tenue des conférences que voulez-vous qu'elles fassent ? Néanmoins, au niveau de la centrale, un planning a été établi pour tenir toutes les conférences et nous avons été classés parmi les derniers. Cela étant, ce n'est pas ce problème qui doit nous éloigner de la discipline syndicale. Nous allons demander à ce que les signataires du communiqué, appelant à la grève, soient sanctionnés et traduits en justice. » M. Tchoulak a tenu à rassurer les clients de Algérie Télécom et de Algérie Poste, en affirmant que le secteur ne connaîtra pas de grève. Entre la contestation des uns et les propos rassurants des autres, force est de croire que le pacte économique et social, signé entre l'UGTA et le gouvernement, ne fermera pas la porte de la contestation sociale et encore moins celle du militantisme syndical. D'autant que la question salariale n'a pas été définitivement tranchée, puisque plusieurs fédérations n'ont pas encore achevé les négociations autour des augmentations. La précipitation qui a marqué la signature de ce pacte risque de tuer dans l'œuf ses objectifs.