Les habitant de la cité Bois des Cars ont bloqué le chantier du projet de parking à étages. Ils étaient des dizaines, ce vendredi matin, à répondre à l'appel lancé par le comité du quartier pour une journée de volontariat au niveau du «Jardin les Pins». Cette «forêt», comme la surnomment les résidants du quartier, est leur fierté. Les habitants ont adressé un message aux autorités locales et de wilaya et disent en substance : «Nous ne voulons pas de ce parking, nous voulons un espace pour nos enfants avec des toboggans et de la verdure». Armés de pelles, de pioches et de différents outils de nettoyage et de jardinage, enfants, jeunes et vieux ont pris d'assaut cet espace pour prouver qu'au niveau de la commune de Hydra, il n'y a pas que le quartier chic de Sidi Yahia, les résidences de généraux, de ministres et de hauts cadres du système, il y a aussi les quartiers populaires, ceux qui ont été construits dans le cadre du plan de Constantine (1958) et qui, aujourd'hui, tombent en ruine par manque d'entretien. «En dépit du problème du logement que rencontrent de nombreuses familles, nous n'avons pas voulu faire comme ceux du bidonville de Doudou Mokhtar (érigé au milieu des années 1990 et les familles relogées l'année passée ndlr), nous aurions pu ériger des baraques au niveau de ce grand espace vert, incendier des pneus et exiger des logements comme l'ont fait d'autres résidants. Non, nous avons opté pour les moyens pacifiques en sauvegardant cet espace vert pour nos enfants et petits-enfants», affirment-ils. Dans une pétition signée par l'ensemble des résidants, ils dénoncent ce projet de parking qui vise à défigurer leur quartier. Ce jardin, qui a été aménagé durant les années 1980 suite à un article dans Révolution Africaine, a été totalement abandonné par les pouvoirs locaux. «Il est clair que la mairie de Hydra n'est pas intéressée par l'aménagement du jardin. Les responsables locaux veulent sa disparition et son remplacement par un parking à étage massif et énorme, peut-on lire sur ce communiqué. Un projet évalué à 800 millions de dinars, réévalué aujourd'hui à plus de 1,3 milliard de dinars (130 milliards de centimes)», ajoute-t-on dans cette missive. Nos interlocuteurs sont unanimes en affirmant qu'aucune enquête de commodo et incommodo n'a été lancée pour avoir l'avis des résidants. «Nous sommes des propriétaires avec des actes. Nous sommes de ce fait les seuls concernés par cet espace, étant donné que c'est un espace commun. Nous sommes prêts à poursuivre en justice l'APC, s'il le faut, si ce projet n'est pas abandonné ou transféré vers un autre lieu, menacent-ils. Quant aux sites, il en existe de moins en moins à Hydra du fait de l'invasion du béton durant les années 1990 qui a «bouffé» les quelques espaces verts existants. Le site Haut-Hydra, le grand espace mitoyen avec le CEM Fatma Hadj Ahmed (ex-les Crêtes), le site de la cité Sellier, transformé en coopérative immobilière, tous ces lieux de villégiature ont été broyés par le béton. L'assiette de terrain de l'ex-SNIC qui devait abriter ce projet est, semble-t-il, en litige entre le ministère des Affaires religieuses et son propriétaire. Cette assiette située à l'entrée du quartier de Sidi Yahia, en contre-bas du cimetière sert actuellement de parking sauvage aux «visiteurs» des coffee shops de Sidi Yahia. Une autre assiette existe, celle abritant le projet des 20 Logements de Gaâr Begraâ et dont les travaux de finition sont à l'arrêt depuis des années. Quoi qu'il en soit, les habitants affirment qu'il y a plus urgent que de construire un parking à étage au niveau de la commune de Hydra, comme la réhabilitation des quartiers populaires, la réfection des balcons qui tombent en ruine et qui menacent les passants, l'ouverture du marché communal situé au quartier les Oasis et, enfin, la reconstruction du CEM Fatma N'Soumer dont les élèves de 3e, 4e et 5e années ont été dispatchés, à cause de la présence de l'amiante, depuis une année dans différents établissements. Cet établissement est réquisitionné par les services de sécurité qui y ont installé une unité d'intervention.