Ils représentent plus de 22% (le taux le plus important) des associations locales agréées en Algérie. Jouissant du statut d'association, ces comités ont la lourde tâche de servir d'intermédiaire entre les administrations locales et les habitants du quartier. Si certains d'entre eux arrivent bon an, mal an à jouer leur rôle, beaucoup se disent pris en étau entre une administration peu coopérative et des citoyens impatients. Existant depuis plus d'un an et demi, le comité de quartier populaire de l'Africana à El Biar peine à se faire entendre. «L'inexpérience des membres du comité dans le mouvement associatif, les promesses non tenues de l'APC et l'incivisme des habitants du quartier ont fini par démotiver un bon nombre de personnes», témoigne un jeune adhérent de la première heure. Constitué d'une dizaine de membres dont l'âge ne dépasse pas la quarantaine, le comité de l'Africana fait face à plusieurs difficultés et à différents niveaux. Le premier a trait à la relation avec l'administration. «L'APC fait des promesses qu'elle tient rarement. La prise de décision est trop lente. Alors que d'autres quartiers, plus huppés, accèdent rapidement à leurs doléances, les nôtres tirent en longueur», explique notre interlocuteur. Pourtant, les réclamations sont de taille. «Après les derniers séismes qui ont touché la région, nous avons signalé des fissures apparues sur les immeubles. La plupart ne sont pas visibles de l'extérieur. C'est surtout au niveau des bouches techniques. Mais jusqu'à présent, rien n'est fait», indique-t-il. Les autres griefs sont d'ordre sécuritaire. «L'insécurité règne dans le quartier. Des vendeurs de drogue activent au vu et su de tout le monde. Des véhicules ont été volés du Parking, il y a à peine quelques mois. Des appartements sont devenus des lieux de débauche. Et puis, on se demande à quoi sert le petit centre commercial situé à côté du quartier. Seuls quelques commerces sont ouverts, le reste, ce sont des magasins fermés et des espaces malfamés. Ni sa position géographique ni les services offerts ne répondent aux besoins des habitants, cet espace devrait être fermé», peste le jeune adhérent. L'autre handicap rencontré par le comité concerne les habitants. Démobilisation et incivisme sont les principales entraves à l'activité du comité. «Les réclamations des habitants sont nombreuses, mais dès qu'il s'agit de cotisations, il n'y a plus personne», regrette-t-il. «Les résidants prennent les délégués de quartier pour des décideurs. Ils croient que nous détenons la capacité d'agir par nos propres moyens. Nous avons organisé des matinées pour nettoyer l'environnement, mais nous ne pouvons pas aller plus loin. Et ça, les résidants ne le comprennent pas», et de poursuivre : «Même s'ils ne croient pas en nous, ils pourraient au moins faire un effort de civisme. On a vu des déchets ménagers amassés sur le toit de l'immeuble. Des habitants des étages supérieurs, las de descendre les poubelles, préfèrent monter un ou deux étages et jeter les ordures sur la terrasse. C'est quand même ahurissant», peste-t-il. Pour Sophiane, un autre jeune habitant les groupes du 1er Mai, les comités de quartier ne servent que leurs intérêts. «Ils sont composés majoritairement de vieux qui travaillent en connivence avec l'APC. Leur spécialité est de faire des pétitions pour pourrir la vie des jeunes et dans leurs propres intérêts. Ils sont là à l'affût des petites affaires et subventions. On n'entend parler d'eux qu'au moment de la distribution du couffin de Ramadhan, des lots d'articles scolaires pour les enfants issus de familles défavorisées, lors de distribution de locaux… et là encore, ils font figurer sur les listes les gens qu'ils veulent», dénonce-t-il. Son ami Reda abonde dans son sens : «Je ne me sens pas concerné par ce qu'ils font. Ils sont à la solde de la mairie. Jamais, ils n'ont réglé de problèmes. Ce que nous voulons, nous les jeunes, nous l'obtenons à notre manière.» Finalement, sans être une institution ni une administration, les comités de quartier souffrent des mêmes contraintes que celles des APC. Manquant de moyens et de crédibilité, ils sont pris en étau entre les pouvoirs publics et les citoyens. Selon le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, il y aurait 17 059 comités de quartier répartis à travers le territoire national qui compte 1 541 communes. Soit une moyenne de 11 comités par commune. S. A.