Le 12 novembre 1938, sous la IIIe République française, à quelques mois de la Seconde Guerre mondiale, un décret a permis l'internement des «étrangers indésirables» dans des «centres spécialisés». Lyon. De notre correspondant
L'internement administratif visait des personnes non pour ce qu'elles ont fait, mais pour le danger potentiel qu'elles représentent aux yeux de l'Etat, du seul fait de leur présence sur le sol français. En 1938, il s'agissait principalement des réfugiés espagnols... Depuis, d'autres groupes sociaux ont été internés ou «accueillis» malgré eux. C'est suite à cette histoire des camps dont certains ont perduré en France jusqu'aux années 1970 avec l'enfermement des harkis qu'une journée d'études sera organisée mercredi 8 juin, de 9h à 18h, à l'Hôtel de Ville de Paris, à l'initiative de l'association Harkis et droits de l'homme. Plusieurs participants expliciteront la brutalité de ces pages d'histoire, sous la modération de l'historien Gilles Manceron. Parmi les intervenants, Pierre Daum, journaliste, auteur du livre Immigrés de force : les travailleurs indochinois en France, 1939-1952, aux éditions Actes Sud, Geneviève Jacques, ancienne secrétaire générale de la Cimade, José Jornet, cinéaste et auteur du livre Républicains espagnols en Midi-Pyrénées : Exil, histoire et mémoire aux éditions Toulouse PU Mirail… Projection de plusieurs films en collaboration avec le Maghreb des films En parallèle, Le Maghreb des films et l'association Harkis et droits de l'homme présenteront chaque soir et pendant une semaine, un film, une fiction ou un documentaire, consacrés aux harkis et ce, du mercredi 8 au mardi 14 juin à 20h45, au cinéma Les 3 Luxembourg (67, rue Monsieur le Prince, Paris 6e). Chaque projection sera suivie d'un débat. «C'est la première fois qu'autant de films sont projetés sur cette question en un seul lieu, pour le grand public», nous a indiqué Fatima Besnaci-Lancou, présidente de l'association Harkis et droits de l'homme, précisant que son association est «très sollicitée pour faire connaître ce bout d'histoire franco-algérienne, et pas seulement par des membres du groupe social harki». Pour Fatima Besnaci, «l'Algérie mériterait que l'on profite de la veille du 50e anniversaire de l'indépendance pour inclure la question dans les phénomènes de déchirement du peuple algérien. Cette analyse, je l'ai empruntée d'ailleurs à Mohammed Harbi dans son entretien à El Watan du 26 mai 2011».
* Les films présentés : La Blessure, la tragédie des harkis, d'Isabelle Clarke et Daniel Costelle, Les Jardiniers de la rue des Martyrs, de Leïla Habchi et Benoît Prin, Les Amandiers de l'histoire, de Jaco Bidermann et Valentin Lagard, Passé sous silence, de Sofia Saa, Le Choix de mon père, de Rabah Zanoun, La Harka, de José Jornet et Alain De Brock, Des pleins de vide, de Nicolas Strauss, Harkis, de Alain Tasma, L'Adieu, de François Luciani