Mohamed Adjaïmi, 60 ans, bon pied, bon œil, est un acteur ayant crevé le petit écran ce Ramadhan dans le feuilleton-TV El Bedra. Graines d'une star ! Vous avez crevé le petit écran, en Ramadhan, dans le feuilleton télévisé El Bedra... Je félicite les téléspectateurs algériens pour leur confiance. Dans tout cela, je travaille de bon cœur, parce que j'aime ce métier d'acteur. Je l'adore. J'en suis fou. Je joue avec mes tripes. Je laisse l'appréciation du résultat au téléspectateur et aux gens des médias en général. Je suis heureux de savoir que je “crève le petit écran”. Je voudrais transmettre une image, un message positif et noble au public algérien, car il faut représenter un bon exemple. C'est un rôle dramatique de père de famille, Ammi Omar... Après tout, je suis un père de famille. J'ai deux bonshommes. Un qui est en Espagne. Cela fait sept ans que je ne l'ai pas vu. Il le manque. J'ai Fayçal qui vit avec moi. Ainsi que deux filles. L'une est mariée et l'autre virtuellement mariable. Je possède cet instinct protégeant ma petite famille, parce que je suis passé par de pénibles épreuves. C'est pour cela que je préserve l'amour et la chaleur de la famille. C'est pour cela que j'ai voulu refléter la personnalité honnête de Ammi Omar. On m'a demandé dans le feuilleton d'insulter ma femme. Je ne l'ai pas voulu. Au contraire, j'ai contribué au dialogue et au texte, en les enrichissant... par un travail collectif. Un échange réciproque d'observations entre le réalisateur et moi. J'ai beaucoup pleuré et fait pleurer le plateau de tournage. Imaginez un réalisateur qui pleure d'émotion. Eh bien ! Amar Tribèche a pleuré. A chaque plan que je jouais avec Bouchra, il pleurait. Justement, le scénario et autres dialogues, en Algérie, vivent une profonde crise de pauvreté textuelle... Avant toute chose, je félicite Amar Tribèche, le réalisateur, et Slimane Boubakeur pour l'élévation de sa plume (texte). Cependant, je lui adresse une petite observation, celle d'enrichir le dialogue. C'est nous qui devons extirper le public de la rue. Trêve de ce dialogue de “souk”. Ce dialogue terre à terre. Avant, notre dialogue, pour ne pas dire notre dialecte, avait un sens. Des fois, j'entends dire : Chriki (mon pote). Aussi, être dialoguiste est un métier. Je remercie Mohamed El Mahfoud Okacha, le directeur de production, pour m'avoir fait confiance. Au début, on m'avait confié le rôle de Saïd, alors j'ai dit qu'il fallait changer un peu des rôles de violence. J'ai signé un contrat avec la violence (rires). J'ai fait le film El Hidjra avec Mohamed Hazourli. J'y incarnais Abou Djahl. Je suis entré à la radio, on ne cessait de “m'agresser” avec des quolibets : Abou Djahl, Abou Lahab. Il faut varier les rôles. C'est pour cela que j'ai proposé de jouer le rôle de Omar, et Mustapha Ayadi-que je salue au passage-, celui de Saïd où il a excellé. Ainsi, j'ai essayé dans la mesure du possible de réussir le rôle de Ammi Omar. Je n'ai jamais pensé à un tel succès. Donc, merci Okacha pour ce rôle qui était lourd à porter. Avant, n'existait-il pas cette confiance et cette liberté dans les rôles qu'on vous confiait ? Non, avant la décennie noire, j'avais quelques rôles complexes et de composition. Des fois, à travers la fougue du rôle, je “crée” le héros. Le héros prévu d'El Bedra, c'était le chauffeur de taxi. Mais, c'est Ammi Omar qui devenu le héros. Même les vieilles femmes en Kabylie m'ont compris dans El Bedra. J'ai assisté à une émission à la radio Chaîne II d'expression kabyle. Des personnes âgées m'ont appelé. Quand l'animateur m'a traduit ce qu'elles m'ont dit, j'ai pleuré. Pourquoi ? Parce que j'ai joué honnêtement. La fin du feuilleton est “en queue de poisson”, expédiée... Cela été rapide. Normalement, d'après le scénario de Slimane Boubakeur, la fin est comme ceci : Je suis avec ma fille Bouchra, rôle interprété magistralement par Asma Djermoune. Puis, un accident. Le mari de ma première femme avec qui je suis divorcé (c'est le secret-chantage de Saïd) succombe à une crise cardiaque à l'hôpital. Sur place, ma fille rencontre la femme du défunt, qui n'est autre que sa mère. C'est là que commence la relation. L'autre fille Sonia fugue en Espagne, comme fin ouverte. C'est comme cela la fin d'El Bedra. La comédie ne vous tente-t-elle pas ? Si, ça me tente. J'ai déjà joué des rôles comiques au théâtre sous la direction de Fouzia Aït El Hadj. C'est une grande dame du théâtre algérien. J'avais joué dans El Mersoula Bent El Garni Dayekh et avant Nouba Fi El Adalouss. Je la salue au passage. J'ai fait beaucoup de théâtre radiophonique. Mais avez-vous ce côté comique ? Oui, j'ai le côté comique en moi, mais je préfère le registre classique et dramatique, parce que nous avons un peuple sensible. Avec un seul mot, vous pouvez soit l'élever ou le contraire. S'il a confiance en vous, c'est tout bon ! Quel est le secret de cette éternelle jeunesse à 60 ans ? Le secret, c'est la pratique de beaucoup de sport. Trois séances par semaine. C'est sacré ! Je fais du culturisme. J'ai tout un équipement de sport à la maison. Je monte à cheval, à dos de dromadaire et de mehari, sans aucun problème. Je sais comment chuter. Un peu cascadeur... C'est vrai. Dans le feuilleton Zina, je n'avais pas de doublure, alors que les autres en avaient. Ainsi, mon cheval m'a désarçonné et m'a traîné par terre sur plusieurs mètres et à six reprises, en me blessant à la poitrine jusqu'au sang. J'étais tout content. Vive le sport ! Il faut être positif et sociable.