Une bagarre générale s'est déclenchée, hier matin, sur la place du 1er Novembre de Constantine, un lieu hautement symbolique pour les Constantinois, communément appelé place de la Brèche, entre des dizaines de militants du FLN représentant l'aile légaliste et des membres du mouvement de redressement venus en nombre de plusieurs wilayas dénoncer la tenue de la rencontre des cadres des mouhafadhas de l'Est, au Théâtre régional de la ville et présidée par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN. Les habitants de la ville et les riverains ont assisté, étonnés, à de violentes empoignades où même les militants de plusieurs kasmas du FLN, se disant exclus de cette rencontre, ont pris part. «Les vrais et les anciens militants des kasmas, que tout le monde connaît pour leur intégrité et leur dévouement, ont été marginalisés au profit de certains opportunistes de la dernière heure qui veulent se faire un nom sur notre dos», s'indigne une militante de Constantine. L'on saura, selon des sources sûres, qu'il y a eu de nombreux blessés parmi les belligérants. La situation a failli prendre une tournure grave, n'était l'intervention énergique d'un important contingent des forces de l'ordre qui ont formé un cordon sécuritaire autour du Théâtre régional afin d'éviter tout dérapage. Dans cette ville qui a connu des remous entre membres du vieux parti, plusieurs militants n'ont pas été tendres avec le secrétaire général du FLN, accusé de jouer sur les divergences pour semer la division. «Nous sommes pourtant élus par la base et nous représentons notre parti dans les assemblées locales, mais nous n'avons pas été invités à cette rencontre», déplore un militant venu de Annaba. «Nous avons pourtant saisi Belkhadem à plusieurs reprises sur les pratiques qui règnent dans certaines wilayas, mais il semble qu'il préfère favoriser certains clans aux dépens d'autres», a martelé un autre. Le secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, qui a été hué lors de son arrivée sur les lieux, n'a pas manqué de fustiger, dans son intervention, ceux qu'il a qualifiés de «fauteurs de troubles». «Même s'il y a des conflits au FLN, nous devons les régler par le dialogue au sein de la base, pas par le recours à la force», a-t-il dit, qualifiant cette situation de «bénéfique» pour un parti qui prépare les échéances électorales de 2012. Pourtant, Belkhadem a explicitement reconnu dans son discours l'existence de dérapages lors des élections des kasmas ou durant la tenue des assemblées, où plusieurs militants ont été victimes de véritables purges. «Rien n'empêche ces gens de manifester leur désapprobation au sein de la base et dans un cadre légal et organisé», a-t-il affirmé. Et d'ajouter : «Je comprends bien que certains militants ont des ambitions tout à fait légales, mais lorsque les compétences et les capacités de ces gens ne sont pas à la hauteur de leurs aspirations, vaut mieux enterrer ses ambitions que d'enterrer son parti.» La rencontre a été conclue par l'adoption d'une plateforme de soutien aux réformes décidées par le président de la République lors de son discours du 15 avril dernier.