Les occupants des deux immeubles pris en sandwich entre le glissement au nord et l'éboulement d'un impressionnant talus au sud, vivent dans une perpétuelle angoisse. Dix-huit citoyens risquent, à coup sûr, cet hiver, de perdre leurs demeures et toutes leurs économies avec. Les immeubles de la coopérative immobilière «El Wiam», de l'entreprise portuaire de Skikda, qui surplombent l'un des versants du quartier Béni Malek, donnent l'impression aujourd'hui de reposer sur une véritable falaise. A moins de 10m des bâtisses, les traces, encore neuves, de l'éboulement sont nettement visibles. On craint le pire, et il suffirait d'une nouvelle saison pluviale pour que les torrents, venant des hauteurs, emportent les assises mêmes de l'assiette foncière des deux immeubles, pris en sandwich entre le glissement au nord et l'éboulement d'un impressionnant talus au sud. «On a alerté tous les responsables concernés. Depuis les grands glissements de terrain de 2004, la situation ne fait que s'aggraver. On attend toujours une prise en charge de ce phénomène qui nous inquiète vraiment», précise un des habitants. Et il y a de quoi s'inquiéter. Le sol, déjà assez fragile, s'effrite à vue d'œil, et des écoulements d'eaux usées à ciel ouvert viennent rajouter au danger. «Il y a urgence, surtout après les travaux effectués par un entrepreneur qui devait, au début de cette année, ériger un mur de soutènement, mais qui est reparti après avoir perturbé le sol. Il a trouvé une assise en béton qui ne lui permettait pas, selon ses dires, d'élever le mur en question», rapportent des coopérateurs. En plus du risque évident d'éboulement, les occupants vivent au quotidien au milieu d'eaux usées qui ruissellent des hauteurs et viennent se collecter devant leurs demeures. «Le soir, surtout, on se trouve très incommodés par les mauvaises odeurs et la prolifération de moustiques. C'est devenu invivable, d'autant plus que ces eaux nauséabondes passent sur la canalisation principale du réseau d'AEP», déplorent certains. A l'autre façade des immeubles, la situation n'est pas plus rassurante. Les traces d'anciens éboulements, en amont, sont visibles et rejettent de véritables monticules de terres en bas, juste aux pieds des bâtiments. «Regardez, certains habitants du rez-de-chaussée ont carrément changé leur porte d'entrée. Le niveau du sol s'élève dangereusement, et si ça continue on risque de voir nos immeubles engloutis», affirment des locataires désespérés. Lassés par les éternelles promesses, les habitants demandent l'intervention du wali pour qu'une solution urgente soit trouvée avant qu'il ne soit trop tard. Contacté, le délégué communal en charge de la zone dira: «Effectivement, la situation est inquiétante. Cependant, on a présenté un ensemble de propositions à l'exécutif communal et on attend. Pour ce qui des gravats et amoncellements de terre sur le talus situé derrière les immeubles, on attend toujours l'arrivée d'au moins un rétrochargeur, bien qu'il faille engager une grande campagne de nettoyage des lieux en usant de moyens plus importants. Pour ce qui est du mur de soutènement, je peux rassurer les habitants, puisqu'un arrangement vient d'être trouvé avec l'entrepreneur qui aura ainsi à reprendre ses travaux incessamment. Le problème des eaux usées reste lié, quant à lui, à la réfection de la route supérieure. A ma connaissance, cette dernière va être bientôt reprise et les fuites seront colmatées.» Sans mettre la parole du délégué en doute, les habitants ont comme l'impression d'avoir déjà entendu de tels refrains. Ils demandent à voir, car c'est de leur vie et celles de leurs enfants qu'il s'agit. Les élus de l'APC sont encore une fois devant leurs responsabilités. Les assumeront-ils au moins une fois durant leur mandat ? Laissons le temps apporter la réponse.