Est-ce le fait de la nature, du temps ou plutôt de l'inconscience et de l'inertie des responsables locaux ? Les habitants de Beni Malek, surtout ceux venant en aval du lotissement 2, viennent d'être secoués par un grand éboulement de terre qui, heureusement, s'est limité à un terrain vague. Les dégâts auraient pu être plus graves bien que le risque perdure puisqu'il suffirait d'autres averses pour que le terrain déjà assez ébranlé s'écroule. Les membres de l'association de Beni Malek accusent. Ils refusent d'assimiler ces circonstances à un simple fait de la nature en référence aux dernières intempéries. Ils argumentent : « Tout le monde savait que ce terrain n'est que du remblais. On ne peut pas partir aujourd'hui. On a laissé faire et voilà le résultat. » L'éboulement s'est produit juste en amont de Béni Malek. Une grande partie du talus en remblais s'élevant à moins de 500 m des immeubles des Frères Khaldi s'est totalement affaissé emportant avec lui les semblants de gabionnages, les canalisations d'AEP et une partie de la route. Quelles seraient les causes de cet accident ? Les membres de l'association répondent : « Les causes principales sont l'engagement de travaux de terrassement entrepris pour élever deux blocs d'une coopérative immobilière au profit d'une entreprise publique et les rejets de gravats entrepris par des constructeurs en amont. Pourtant, chacun sait que le lot choisi était déclaré inconstructible. » Pour preuve, les membres de l'association évoquent qu'en 1992 déjà, ce même lot avait été offert au profit de l'association pour y élever une salle de sport de proximité. « Nous avions décliné l'offre, expliquent-ils, parce que les études que nous avions engagées avaient clairement prouvé que ce serait une grave erreur que de construire dessus. » Ils évoquent aussi les fuites survenues au niveau des canalisations de l'AEP : « Ces fuites ont contribué grandement à déstabiliser le talus. » Chose qu'infirme le directeur de l'entreprise publique de l'eau ( Epdemia) : « La fuite dont parlent les citoyens a été plutôt provoquée par l'instabilité du terrain qui n'a cessé de se déplacer. Nous sommes plutôt les victimes d'une situation. » Ajoutant que l'éboulement a carrément cassé la canalisation amenant ainsi l'Epdemia à intervenir pour assurer l'alimentation des citoyens par la mise en place et provisoirement d'une nouvelle canalisation. L'éboulement, assez consistant, a nettement déstabilisé une partie de la route du lot n° 2. Les traces sont visibles et une partie de la chaussée n'existe désormais plus. Des fissurations laissent même présager que l'effet d'enchaînement reste à venir. « Le moindre nouveau éboulement risque d'emporter avec lui les canalisations d'eaux usées et des eaux pluviales. Leur éventuelle cassure fera des lieux de véritables marécages », juge un citoyen qui préconise de penser à cette éventualité dès maintenant afin d'éviter toute mauvaise surprise. « Il faut que les responsables locaux agissent et dans l'urgence, car il se trouve que le réseau des eaux pluviales de ce lot collectent aussi les eaux usées des cités des hauteurs. » Les responsables locaux, souvent cités et sévèrement jugés par les citoyens, réfutent une quelconque défaillance. Le vice-président chargé des travaux atteste : « Nous étions présents sur les lieux le jour même et nous continuons à ce jour de suivre l'évolution de la situation sans trop nous poser de questions quant aux responsables réels de ce gâchis. Nous avons invité le CTC à faire son constat et nous avons de suite mis en exécution ses recommandations. » Il citera à titre d'exemple l'engagement d'une étude du sol auprès d'un laboratoire, l'arrêt immédiat des travaux de terrassement en aval et en amont, la mise en place d'une bâche protectrice ainsi que la fermeture de la route à toute circulation. Des mesures de sécurité qui tenteront plus ou moins de minimiser les dégâts, quoique la calamité ait eu largement le temps de s'installer. Et dire qu'il aurait juste fallu interdire tous travaux sur le site, mais cela renvoie à beaucoup d'autres questions à commencer par l'essentielle : qui a octroyé des permis de construire sur un talus essentiellement constitué de remblais ?