Depuis la révolution du Jasmin en Tunisie, les trafics transfrontaliers en tous genres ont connu une inquiétante recrudescence. Corail, drogue, devises, mais aussi carburant. Les stations-service d'Oum Tboul, d'El Kala, de Aïn El Assel, d'El Tarf et Bouteldja sont encombrées H24 à cause des files interminables de voitures, où se bousculent Algériens et Tunisiens. La wilaya d'El Tarf est paralysée à un point tel que des travaux publics, qui ne sont pas dans les priorités des autorités locales, sont à l'arrêt faute de pouvoir ravitailler les engins. Cette situation aurait pu être évitée si des mesures identiques à celles prises dans la wilaya de Tébessa, en l'occurrence des restrictions qui rationnent le carburant, avaient été instaurées en temps opportun. Selon des sources bien informées, le plus gros de ce trafic n'est pas le fait des transporteurs tunisiens qui viennent faire le plein en Algérie au plus une fois par jour. «C'est une goutte d'eau face à l'océan de la contrebande», nous dit un gérant de station bien au fait de la situation. Il y a eu pour ce premier semestre, à El Tarf, 50% de plus de consommation que l'année dernière pour la même période, et c'est en augmentation exponentielle. Des pick-up algériens font jusqu'à trois fois le plein dans la journée pour approvisionner un réseau de passeurs localisé à Bougous et Bouhadjar. Ces pick-up sont tellement efficaces que l'Ansej s'est trouvée débordée par les demandes de Toyota Hilux, au point où le directeur de cette agence a été menacé et agressé par des élus locaux. Dix postes de gendarmes gardes frontières (GGF) sont déployés le long des 80 km de frontière avec la Tunisie, soit 8 km par poste.