La flottille pour Ghaza ne flotte toujours pas. Car elle est mise à rude épreuve. Hier matin, un deuxième bateau participant à l'expédition a été saboté. Mais malgré ces incidents qui ralentissent l'épopée des militants pro-Palestiniens, ceux-ci refusent de se laisser abattre. Tout comme le gouvernement israélien, déterminé à tout faire pour arrêter le convoi humanitaire. Hier, au petit matin, un deuxième bateau de nationalité irlandaise, le Saoirse (liberté en gaélique), a été saboté alors qu'il était amarré dans le port turc de Goçek. C'est le deuxième bateau, après le navire grec saboté lundi, qui fait l'objet d'une dégradation volontaire. Le ou les responsables demeurent à l'heure actuelle inconnu (s), mais pour le comité irlandais parrainant le pavillon, «Israël est le seul susceptible d'avoir conduit cette opération et le gouvernement irlandais et les autorités d'Irlande du Nord doivent insister pour que les auteurs de cet acte de terrorisme soient traduits devant la justice». Selon eux, il s'agit d'un acte de sabotage «professionnel», car c'est l'arbre de transmission du navire qui a été a endommagé. Un sabotage qui aurait d'ailleurs pu transformer cette mission humanitaire en catastrophe humaine, la probabilité d'un naufrage n'étant pas à exclure s'il n'avait pas été détecté à temps. Ce fâcheux événement intervient alors que des militants pro-Palestiniens de 22 pays ont planifié de se retrouver entre hier et aujourd'hui au large de la Crète, lieu de départ de la flottille. Les médias, persona non grata L'objectif de cette flottille est de livrer de l'aide humanitaire aux territoires palestiniens, en proie à un blocus depuis 2006. Un parcours semé d'embûches, d'autant plus qu'Israël a déclaré à plusieurs reprises demeurée «déterminée» à vouloir arrêter la flottille. Son bureau de presse gouvernemental (GPO) a même menacé les journalistes qui prennent part au convoi d'une interdiction d'entrée sur le territoire national pendant dix ans. Le GPO a par ailleurs déclaré que «la flottille a l'intention de violer sciemment le blocus (…) légal et conforme au droit international.» Une menace, qui, si elle était mise à exécution, permettrait à Israël de poursuivre son blocus dans un relatif huis clos, à l'abri des regards étrangers. Cependant, ces mesures envisagées ne font pas l'unanimité au sein de la société israélienne. L'Association pour les droits civiques en Israël (ACRI) a, par exemple, demandé le retrait de ces menaces, affirmant que cela était «contraire au rôle des journalistes dans une société libre.» Et du côté de l'ONU, il ne faut s'attendre à aucun soutien : malgré une condamnation du blocus israélien, que le secrétaire général Ban Ki-moon avait qualifié l'année passée «d'inacceptable», l'organisation internationale s'est opposée au projet. Bras de fer et volonté d'acier L'épisode de la flottille 2010, encore présent dans les mémoires, ne semble avoir affaibli ni la détermination israélienne, ni la persévérance des militants, malgré les risques encourus. Pour rappel, un commando israélien avait tué neuf passagers turcs participant à la flottille l'année dernière. Aujourd'hui, au sein des gouvernements occidentaux, peu de voix s'élèvent. Le Premier ministre Irlandais Enda Kenny s'est cependant distingué en lançant à Israël un avertissement contre toute action qui pourrait porter atteinte à ses ressortissants prenant part à l'événement. Il pourrait d'ailleurs demander l'ouverture d'une enquête, en coopération avec le gouvernement turc, si le gouvernement israélien persistait dans son mutisme au sujet des sabotages. De leur côté, les 300 militants et quelque 35 journalistes qui prennent part à cette périlleuse aventure humanitaire ne démordent pas, malgré les derniers incidents. L'une des porte-parole du comité français pour Ghaza, Claude Léostic, a déclaré hier matin : «Nous partirons de toute façon, quels que soit les obstacles.» Des obstacles qui s'accumulent, augurant du pire, tant les convictions sont fortes des deux côtés.