Le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), Me Boudjemaâ Ghechir, a appelé dans une lettre au président de la Commission juridique, administrative et des libertés auprès de l'Assemblée nationale à «expurger» le projet de statut des avocats de tous les articles objets de la contestation et «de fermer la porte à toute intervention ou ingérence du ministre de la Justice, dans les prérogatives de la profession qui reposent essentiellement sur la liberté et l'indépendance». Me Ghechir qualifie de «légitimes» le débat et la contestation organisés par les avocats autour du projet de loi, dans la mesure où ces derniers sont tout aussi «impliqués dans la consécration du principe de l'égalité devant la justice, de la présomption d'innocence et de l'équité dans les jugement à tous les niveaux». Pour lui, la protection des droits de l'homme et des libertés qu'elles soient économiques, sociales, culturelles ou politiques, exige une prestation juridique prodiguée par des professionnels indépendants. Il estime que l'avocat «est celui qui garantit à tous les citoyens le droit d'accès à un procès équitable consacré par le droit constitutionnel», et «sa présence aux côtés des autres parties aux procès renforce la confiance dans les institutions de la justice et améliore la qualité de leurs décisions. De ce fait, toute atteinte à la profession d'avocat touche inévitablement le droit du citoyen à l'accès à la justice». Le président de la LADH souligne que le projet de loi est en «violation» avec les principes des Nations unies sur la profession des avocats, vu qu'il «institue des sanctions, des poursuites judiciaires et disciplinaires» contre les robes noires, alors que celles-ci relèvent de la corporation. Ce qui, selon Me Ghechir, constitue «une menace, voire un moyen d'intimidation». L'avocat va plus loin en affirmant que le projet de loi «fait ressortir l'emprunte du ministre de la Justice qui s'interfère dans tout ; ce qui enlève à la profession son caractère libre et indépendant». Face à cette situation et tout en étant compréhensive à l'égard de l'inquiétude des avocats et de leur colère, l'organisation exige du président et des membres de la Commission juridique de l'Assemblée nationale «d'expurger le projet de loi de tous les articles qui préoccupent, terrorisent et menacent la défense et de fermer la porte à l'ingérence dans l'exercice de la profession au ministre de la Justice, sachant que le métier d'avocat repose sur l'indépendance et l'autonomie».