Après la condamnation du correspondant du quotidien Echourouk El Youmi au payement d'une lourde amende (4 millions de dinars), la cour d'appel de Jijel vient de confirmer le verdict rendu par le tribunal de Jijel en date du 27 mai 2007 et condamne le directeur d'El Watan, Omar Belhouchet, ainsi que le journaliste Chawki Amari à une peine de deux mois de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars. Ce jugement, prononcé au détriment de la liberté d'expression et sans commune mesure avec les faits reprochés, est une lourde sentence infligée à l'encontre d'une corporation qui n'a pas cessé de subir moult harcèlements et persécutions juridiques. Il fait voler en éclats et avec grand fracas les promesses faites par le ministre de la Communication quant à la volonté du gouvernement d'abroger les articles et dispositions du code pénal indiquant l'emprisonnement et la détention de journalistes pour délit de presse. Me Boudjemâa Ghechir, avocat, président de la Ligue des droits de l'homme (LADH) et auteur d'un guide du journaliste, intitulé Liberté et responsabilité d'informer, réagit à cette décision arbitraire et à ces pratiques qui sanctionnent les professionnels des médias et, au-delà, pénalisent les citoyens en les privant de leur droit à l'information. Il dira à propos de cette condamnation : « Malheureusement, le système politique algérien continue à utiliser et à instrumentaliser la justice pour punir sévèrement les journalistes, alors qu'au même moment il parle de démocratie. » Me Ghechir parle de la persistance d'« une grave dérive ». « C'est un moyen de pression pour le système afin de faire taire ceux qui dénoncent les pratiques antidémocratiques », ajoute-t-il. A propos des indemnités exorbitantes réclamées par la justice au titre de réparation, le président de la LADH dira : « Je me demande si ces sommes faramineuses iront dans les caisses du budget de la wilaya de Jijel, ou alors dans le compte personnel du wali ? » Pour ce qui est de la dépénalisation des délits de presse, il déclarera : « Normalement et avant de dépénaliser ces délits, il faut que la justice soit au niveau des aspirations démocratiques réelles. Les articles qui justifient la dérive tiennent du temps du parti unique. »