Depuis le début de la contestation, l'opposition syrienne se réunissait dans l'adversité au gré des congrès, dont le dernier en date est celui organisé récemment à Antalya en Turquie. Plus de 300 délégués faisaient alors figure «d'opposition syrienne». Les arrestations de leaders de partis ont montré par ailleurs que le régime contrôlait de près les dirigeants des formations de l'opposition, certes divisées mais considérées comme dangereuses par le régime. Le Parti communiste, fondé en 1944, s'est souvent allié aux autres formations de gauche, dont l'Union arabe socialiste, dit nassériste. Récemment, le Parti communiste syrien a exprimé son soutien aux revendications du peuple pour une démocratisation du pays, mais refuse toute ingérence et instrumentalisation étrangères. Toutefois, le parti s'opposait à la corruption et aux dérives libérales de l'économie syrienne. Les Kurdes, qui représentent quelque 10% de la population et vivent essentiellement dans le nord-est du pays, sont soumis à une vive discrimination. De nombreux membres ont été détenus au secret ces dernières années, accusés «d'incitation aux luttes de factions». Un dirigeant du parti kurde du futur (Al Mostaqbal) a été arrêté au mois de juin à Hassaké, au nord-est du pays. Le mouvement des Frères musulmans, fondé dans les années 1930, était devenu la principale force d'opposition au régime baassiste. Il était présent dans les grandes villes du pays : Hama, Homs et Damas. Interdit par le régime alaouite, il a fait l'objet d'une répression très forte, notamment lors du massacre de Hama en 1982. Les Frères musulmans avaient tenté de soulever la population contre le président Hafez Al Assad. L'armée avait durement réprimé cette révolte. Depuis une trentaine d'années, la confrérie n'est plus une force politique visible en Syrie, mais elle maintient néanmoins un réseau d'appui, depuis Londres ou Chypre. Le 20 juin, son porte-parole à Londres avait réagi au discours de Bachar Al Assad. Il reprochait au Président de ne pas avoir évoqué la situation du peuple syrien aujourd'hui et d'évincer «ceux qui demandent la liberté, ceux qui demandent la justice, ceux qui demandent la dignité». Il a évoqué ensuite son espoir de voir à nouveau les Frères musulmans autorisés en Syrie. Une autre figure de l'opposition est devenue, en quelques mois, la personne systématiquement mentionnée dans les articles sur la révolution syrienne : Rami Abdel Rahman, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) basé à Londres. Les estimations de blessés et de victimes viennent souvent de Londres via cette figure de l'opposition maintes fois citée, mais finalement peu connue.