Déterminée à poursuivre son mouvement de contestation, l'opposition syrienne, réunie hier en Turquie, exige désormais «la démission immédiate» de Bachar Al Assad, malgré les gestes d'apaisement du régime qui continue, cependant, à réprimer les manifestations. Les opposants, qui réclamaient, entre autres, l'établissement d'«une feuille de route» pour une «transition démocratique et pacifique» en Syrie, poursuivaient hier leur réunion de soutien à la contestation, entamée la veille à Antalya, en Turquie. Selon les organisateurs de cette réunion, les dissidents syriens, qui travaillaient sur un «projet de déclaration finale» détaillant les modalités de leur soutien à la contestation, ont réussi, hier en fin d'après midi, à rédiger une première déclaration, dans laquelle ils appellent à «la démission immédiate» du président Al Assad . Après avoir rejeté l'amnistie générale annoncée mardi par le président Al Assad, une mesure qui concerne pourtant tous les crimes commis avant le 31 mai 2011, l'opposition a appelé, hier, à une «journée de protestation vendredi (aujourd'hui, ndlr)», en hommage aux «enfants de la liberté», qui sont devenus des symboles de la résistance, comme Hamzeh Al Khatib, un garçon de13 ans, «torturé et tué», selon l'opposition, par les services de sécurité à Deraa et qui est devenu le «Mohammed Bouazizi» syrien. «Enfants de la liberté» Selon l'Unicef, au moins 30 enfants ont été tués par balles en Syrie dans la répression. «Le peuple veut la chute du régime. Demain, c'est le vendredi des enfants de la liberté qui se sont soulevés contre l'iniquité comme les adultes», affirmait hier la page facebook Syrian Revolution 2011. L'organisation Human Rights Watch a publié, mercredi, un rapport intitulé «Nous n'avons jamais vu une telle horreur» dénonçant des «crimes contre l'humanité» à Deraa, avec des tueries systématiques et des tortures. Par ailleurs, les rassemblements antigouvernementaux se poursuivaient, hier, à travers le pays, notamment à Homs où les forces de l'ordre ont interpellé brièvement quatre élèves, selon des médias qui citent l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Depuis dimanche dernier, 62 personnes sont tombées sous les balles des forces syriennes, en majorité dans la région de Homs, théâtre de manifestations hostiles au régime du Président. Mesures insuffisantes Déclenché à la mi-mars, à Deraa, avant de gagner d'autres villes de la Syrie, le mouvement de contestation contre le président Al Assad, qui a fait au moins 1100 morts, selon des ONG, s'amplifie de jour en jour malgré l'annonce par ce dernier d'une série de mesures visant à apaiser la tension dans le pays, mais jugées «insuffisantes» par les contestataires. Outre l'amnistie générale dont ont bénéficié des centaines de prisonniers mercredi, M. Al Assad a annoncé le lancement d'un «dialogue national» avec tous les courants politiques et a demandé aux organisateurs de «formuler les principes généraux du dialogue de manière à créer un climat adéquat pour que les différents courants puissent s'exprimer et présenter leurs propositions». D'autres mesures ont été annoncées, comme la formation de commissions chargées d'élaborer des lois électorales sur les partis politiques et sur la presse, mais l'opposition, réunie depuis mercredi à Antalya, en Turquie, est catégorique. Elle exige une «démission immédiate du président syrien Bachar Al Assad de toutes les fonctions qu'il occupe», selon une première déclaration commune lue hier, en fin d'après-midi, par les organisateurs. Les opposants exhortent en outre à «la tenue d'élections parlementaires et présidentielle dans un délai qui ne dépassera pas un an» après la démission de M. Assad, et s'engagent «à faire tout ce qu'il leur incombe pour faire chuter le régime».