Photo : Riad Par Moumene Belghoul L'amnistie générale déclarée la veille par le président Syrien Bachar el Assad est jugée «insuffisante et tardive» par l'opposition syrienne en réunion hier à Antalya, en Turquie. Plus de 300 opposants, dans leur diversité pour la majorité en exil, se sont réunis en Turquie pour dénoncer la répression que subit le peuple syrien désirant un minimum de liberté politique. L'objectif de cette réunion reste l'élaboration d'une «feuille de route» pour une transition démocratique et pacifique en Syrie. Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré une amnistie générale s'étendant à tous les opposants dont des membres des Frères musulmans et des détenus politiques. L'agence officielle syrienne SANA a rapporté que la mesure s'étend à tous les crimes commis avant le 31 mai 2011. Depuis le déclenchement à la mi-mars des manifestations de contestation contre le régime, au moins 1.062 personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes, selon l'opposition. Trente enfants, selon l'Unicef, ont été tués par balles. Les militants anti-régime ont fait état de la mort d'un jeune garçon après avoir été torturé par les services de sécurité. Les médias officiels syriens ont qualifié de «mensonges fabriqués» les accusations de torture, et ont annoncé que le président Assad avait reçu les parents de l'adolescent. Le régime syrien semble en quête d'une sortie de crise en multipliant les initiatives d'apaisement. Mardi, le pouvoir a esquissé un autre signe d'ouverture en annonçant le début imminent d'un dialogue national avec l'opposition, mais, tout en rejetant l'idée de revenir sur la prépondérance du parti Baath. Faisant preuve d'incrédulité, les opposants réclament, la libération des détenus politiques, la tenue de nouvelles élections, la fin de la suprématie du parti Baath, et la chute du régime, dominé par la minorité alaouite. Une première réunion de dissidents syriens, plus restreinte, a déjà été tenue fin avril à Istanbul. Les participants avaient alors appelé à la tenue d'élections et à l'arrêt de la répression en Syrie. Le choix de la Turquie est loin d'être anodin. Selon les militants réunis à Antalya, la Turquie a un rôle à jouer pour pousser le régime syrien à entamer des reformes crédibles. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui entretient de bonnes relations avec le président syrien, l'a plusieurs fois appelé à agir avant qu'il ne soit trop tard. Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a salué l'annonce par la Syrie d'une amnistie des prisonniers politiques mais a souligné qu'elle devait être suivie par une «réforme globale».Cependant l'ouverture du régime turc est nuancée par certains opposants syriens. Pour le politologue syrien Bourhane Ghalioune cette amnistie «est un coup de bluff pour détourner l'attention de l'émergence d'une opposition organisée, et pour parer aux pressions internationales». Pour Ghalioune «le pouvoir doit garantir la liberté d'expression, reconnaître la légitimité du mouvement de contestation et cesser le recours à la force» pour être crédible.