Les villages au sud de la wilaya de Tizi Ouzou restent sous-alimentés en eau potable en dépit du raccordement au barrage de Koudiat Acerdoune. De nombreux villages dans le versant sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou souffrent d'un manque chronique d'eau potable. Plusieurs localités sont touchées par ce problème épineux. Les communes de Tizi Gheniff, M'Kira, Draâ El Mizane, Frikat, Boghni et Ouadhias sont toutes concernées par la pénurie d'eau potable. Rappelant que ces régions bénéficient pourtant du transfert des eaux du barrage Koudiat Acerdoune de Bouira (plus grand barrage dans le pays) depuis juillet 2010. Les responsables du secteur vaient promis qu'il n'y aurait plus de pénurie d'eau dans cette région. Dans la commune de M'kira (50 km au sud-ouest de Tizi Ouzou), la situation est très difficile. Selon nos interlocuteurs, cette pénurie persistante est dûe à la défectuosité du réseau AEP. Da Amar du village Imâandène nous dira: «Ici, l'approvisionnement se fait de manière irrégulière et anarchique. Dans le meilleur des cas, l'eau vient tous les 15 jours», ajoutant que «le problème réside dans le réseau de distribution qui ne supporte pas la tension de l'eau, générant des fuites partout sur la route». «Pourtant, cela ne fait même pas une année que ce réseau a été refait», enchaine un fonctionnaire dans le service de l'hydraulique de la mairie. Dans le village d'Ait Messaoud (à l'extrémité de M'kira, à la limite de la wilaya de Boumerdès), les robinets sont à sec depuis 8 mois, dénoncent les habitants. «Depuis l'automne dernier, on n'a pas vu une goute d'eau dans nos robinets. On vit le calvaire au quotidien», déplore Sofiane, un jeune commerçant du village. Et pour atténuer leur soif, surtout en ces temps de canicule, la plupart des riverains recourent à l'achat du précieux liquide à raison de 1000 à 1500 Da la citerne. Au village Imerache, l'eau arrive très rarement également. Ici les villageois s'alimentent d'une source naturelle (taâwinte) sise à plus de 900 m pour certains domiciles. «Chez nous, le problème de l'eau est l'affaire des femmes. On emmène l'eau sur nos têtes en traversant une route rocheuse», raconte Malika, une jeune du village, avec un bidon sur sa tête. La situation n'est pas mieux dans le village de Imelikchène où plusieurs fuites apparaissent sur le réseau AEP, ce qui empêche l'arrivée de l'eau à certaines habitations. Les villagois sont obligés d'acheter l'eau à 2000 DA la citerne. «On sait plus d'où ramener l'eau, même les sources naturelles ont tari», dira un riverain. Notant que dans cette commune de plus de 20 000 habitants, les services de l'ADE (algérienne des eaux), censés veiller sur la bonne gestion des ressources hydriques, sont absents. Les factures des consommations de l'eau sont payées par l'assemblée populaire communale. Dans la commune de Tizi Gheniff, en plus des pénuries qui touchent plusieurs villages, les habitants se plaignent de la qualité de l'eau qui vient de la station mono bloc du barrage local. «L'eau semble avoir une certaine couleur et quand on la boit, on ressent un goût», dira un citoyen qui habite dans le chef-lieu communal.