De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le secteur de l'hydraulique est l'un des rares domaines de développement dans la wilaya de Tizi Ouzou échappant à l'inertie qui domine la majorité des sujets des programmes de sortie de crise de la région de Kabylie ces dix dernières années. C'est parce qu'il s'agit peut-être d'un secteur sensible du point de vue du maintien et du contrôle de l'ordre public qui donne actuellement du fil à retordre au pouvoir sur tout le territoire algérien et qui, par ailleurs, transparaît inévitablement à chaque action ou entreprise de mise en œuvre de politiques publiques ou de chantiers du privé à grande échelle au niveau régional. Si c'est le cas, Tizi Ouzou en a beaucoup profité ces derniers années et en profitera davantage l'année prochaine (2010) si les derniers vœux de réalisations hydrauliques des responsables se concrétisent dans les délais annoncés.«A partir de juin prochain [2010, ndlr], ne me parlez plus de problème d'eau dans la wilaya de Tizi Ouzou», a déclaré M. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, il y a une dizaine jours, lors de sa visite dans la wilaya à l'occasion de l'inauguration d'une station de pompage d'une capacité de 5 000 m3 qui alimentera l'ancienne ville de Tizi Ouzou . Des déclarations cependant modérées et relativisées par des chiffres qui donnent une idée des efforts à entreprendre pour arriver à une satisfaction plus ou moins optimale en matière hydrique en Kabylie. 30% seulement de la population de la wilaya de Tizi Ouzou reçoit 24h/24 l'eau potable et une moyenne de 14% de la population est desservie 1 jour sur 3. En 2006, ce taux était, rappelons-le, de 5% (au tableau des foyers alimentés 24h/24), selon des données rendues publiques au mois de mars dernier par la direction de l'Algérienne des eaux (ADE) de la wilaya de Tizi Ouzou. La mise en service du barrage de Taksebt, en juillet 2007 qui couvre 40% des besoins de la wilaya et celle de Koudiat Oucerdoune prévue pour juin 2010 régleront définitivement la pénurie d'eau potable dans la wilaya qui connaît encore des manifestations et des actions de rue extrêmes, surtout durant l'été, à cause du manque de ce liquide qui pourtant ne fait pas défaut sous plusieurs formes naturelles dans la région. Cela dit, le barrage de Koudiet Acerdoune (wilaya de Bouira), deuxième plus important barrage du pays après celui de Beni Haroun, avec une capacité de 650 millions de mètres cubes, alimentera environ 3 millions d'habitants répartis sur les wilayas de Bouira, de Médéa, de Msila et le versant sud de Tizi Ouzou, incluant les localités de Draa El Mizan, Ouadhias, Boghni, Frikat, Aïn Zaouia et Tizi Ghenif, c'est-à-dire celles qui ont le plus souffert de la pénurie d'eau et d'enclavement socio-économique depuis toujours. Quatorze communes du sud de la wilaya de Tizi Ouzou bénéficieront donc de ce transfert. Le barrage de Souk N Tlata, commune de Tadmait, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Tizi Ouzou, d'une capacité de 150 millions de mètres cubes, contribuera à résoudre de façon plus globale la crise hydrique que subit la Kabylie dès sa mise en service au milieu de l'année prochaine, selon le ministère de tutelle qui le qualifie de «barrage complémentaire destiné aux wilayas de Tizi Ouzou et de Boumerdès». D'autre part, le nord de la wilaya de Tizi Ouzou est promis à un avenir meilleur en matière d'alimentation en eau potable. Les communes de Boudjima, Tigzirt, Iflissen, Azeffoun, Aït Chaffaa Aghrib, Akerrou, et Zekri seront directement touchées par un projet en cours d'adduction. Le nombre d'habitants de ces 8 communes est de 140 000 répartis sur 214 villages. L'alimentation et la dotation en réseau AEP du nord de la wilaya d'ici l'été prochain aidera aussi les professionnels du tourisme à mieux faire valoir leurs infrastructures hôtelières et touristiques qui manquent terriblement de gages solides de publicité et de marketing malgré des atouts naturels qui n'ont rien à envier aux célèbres stations balnéaires de nos voisins tunisiens, et marocains. Les villes de Tigzirt et d'Azeffoun, les seules haltes côtières de Tizi Ouzou, souffrent grandement du manque d'eau pendant la saison estivale.