La session de printemps du Parlement sera clôturée aujourd'hui. Entamée le 2 mars dernier, cette session a été marquée par le retrait de deux partis, le RCD et le FNA, qui ont décidé de boycotter les travaux de l'Assemblée populaire nationale (APN). Politiquement, il s'agit là d'un geste fort qui ébranle la crédibilité de la plus faible Assemblée qu'a eu à connaître l'Algérie depuis l'indépendance. Le parti de Saïd Sadi avait même adressé une correspondance au président de l'APN, Abdelaziz Ziari, lui demandant de procéder au remplacement des parlementaires exerçant des responsabilités dans les commissions ou la vice-présidence. L'action du RCD est justifiée par la démission du Parlement, son silence et l'absence de réaction devant les violations des lois par l'Exécutif. Le RCD affirme qu'il ne peut cautionner les décisions d'une institution qui n'en finit pas de sombrer dans la servilité et la complicité, dans la désintégration de la nation. Le FNA, pour sa part, motive sa décision de boycott par le fait qu'«en dépit de plusieurs interpellations, les autorités n'ont jamais daigné satisfaire les revendications inhérentes à la place et au statut des représentants du peuple au sein des assemblées élues et à tous les niveaux». Le FNA déplore la détérioration du rôle et du rang du Parlement. A quoi sert celui-ci quand les textes les plus importants, dont la loi de finances complémentaire, sont promulgués par voie de décret présidentiel entre les deux sessions ? De son côté, le député Ali Brahimi, dissident du RCD, rappelle, dans un communiqué, que la session de printemps de l'APN s'achève sur le même ostracisme développé tout au long de cette législature contre l'opposition : «Retranché derrière ‘une majorité factice' produit de pratiques autoritaires et frauduleuses, le pouvoir bloque systématiquement toute velléité d'initiative institutionnelle autonome, en violation flagrante des lois.» Ali Brahimi note que du 1er février à ce jour, ce sont pas moins de quatre initiatives parlementaires réunissant de 22 à 29 députés signataires que le président, le bureau de l'APN et l'Exécutif ignorent superbement en toute illégalité. «Après moult tergiversations, deux de nos propositions de loi – notamment un amendement de l'article 87 bis du code pénal et l'enseignement obligatoire de tamazight – ont été transmises par le bureau de l'APN au gouvernement qui ne veut pas communiquer sa position officielle», dénonce-t-il. Une proposition de loi visant à déverrouiller l'accès des institutions électives aux femmes, jeunes et candidatures indépendantes, a été également déposée par les mêmes députés. «Sa transmission à l'Exécutif est, depuis, empêchée par le président de l'APN sous le prétexte illégal et méprisant que le gouvernement déposera dans un proche avenir un projet plus exhaustif sur le régime électoral.» Quatre autres propositions émanant de la «majorité» sur le même thème sont aussi bloquées. Des commissions d'enquête, sur plusieurs dossiers, ont été revendiquées par certains députés, en vain.