Le commerce des télés et des récepteurs numériques, en cette période qui nous sépare du mois de Ramadhan, s'en retrouve dopé et les «flasheurs de numérique» sont également débordés devant les demandes de citoyens, dont certains s'équipent pour la première fois, alors que d'autres tentent d'avoir le maximum de signal pour s'offrir une bonne réception satellitaire. Dans la majorité des cas, les Algériens orientent l'assiette pour capter les chaînes arabes. L'engouement des familles pour les chaînes satellitaires est tel que le commerce des récepteurs connaît un rythme soutenu durant toute l'année. Certains achètent un récepteur pour la première fois, alors que d'autres préfèrent changer leurs postes pour être en phase avec les dernières innovations technologiques. Les chaînes satellitaires arabes misent gros sur les séries. Alors que pendant toute l'année on en trouve une ou deux uniquement par jour, pendant le Ramadhan, elles sont au moins une vingtaine. Egyptiennes, syriennes, turques ou des pays du Golfe, il y a de quoi satisfaire tout le monde. Certains ménages s'équipent spécialement pour cette occasion en achetant des récepteurs numériques et des télévisions. Toutes les télévisons arabes comptent sur le Ramadhan pour compenser leurs pertes financières. Mais pour la télévision algérienne, le défi est double : il est aussi question de regagner ses téléspectateurs et augmenter son taux d'audience qui est en chute perpétuelle. Pour s'attribuer l'audimat, les différentes chaînes ont préparé des «menus» alléchants. Ces dernières diffusent quasi exclusivement des programmes nationaux, des sitcoms et des feuilletons, particulièrement prisés en cette période spéciale de l'année, où la famille algérienne est réunie le soir après la rupture du jeûne autour de la télévision. Après les années 1980, où dominaient dans les foyers les magnétoscopes, palliant ainsi les insuffisances de la chaîne de télévision nationale étatique, monolithique et non attractive, les années 1990 ont été caractérisées par le déploiement des paraboles sur les toits des maisons des milieux urbains. Si, en Europe, le phénomène des séries télé s'est déjà emparé du quotidien, chez nous le feuilleton du Ramadhan a une aura assez spéciale. La série ramadhanesque a je ne sais quoi de l'effet de Plus Belle la vie, on s'habitue à le regarder, d'abord indifférent, puis machinalement, puis quotidiennement, puis fanatiquement. Même ceux qui ne sont pas accros de la petite lucarne reconnaissent un changement d'habitude. Le moment privilégié pour regarder la télé est sans doute lors de la rupture du jeûne. Le rassemblement familial autour du ftour est associé toujours à une consommation collective de la télévision. Si l'arrivée du mois du Ramadhan est synonyme de l'abstinence de l'aube au coucher du soleil, la consommation des nouvelles technologies et des chaînes TV satellitaires semblent être sans modération.