Le bouquet TPS affiche, depuis le 9 octobre 2009, un écran noir. Le cryptage du système (TPS-Crypt) est, selon un spécialiste en la matière révolu. D'autant, que « les diffuseurs des programmes TPS en plus du bouquet AB Sat ont basculé vers le système Viaccess 2 5, qui n'est pas facile à violer par les hackers qui auront du mal à faire face à cette nouvelle contre-mesure. Mieux, les diffuseurs s'activent à faire migrer les abonnés de TPS vers canal Satellite », souligne notre interlocuteur, qui précise que le flashage des récepteurs (démodulateurs) qui s'effectuait toutes les 48 heures n'est plus de mise. Pour connaître l'avis des plus importants producteurs de récepteurs numériques dont la demande a fortement chuté, on s'est rapprochés des responsables de Condor et Cristor. Ils ne possèdent pas la même approche du problème. Abderrahmane Benhamadi, le boss de Condor, qui pointe du doigt les diffuseurs, dit en substance : « Pour mettre un terme à la piraterie, les diffuseurs qui ne s'intéressent apparemment pas au marché algérien, pourtant porteur, doivent revoir à la baisse la tarification des abonnements pour l'adapter aux conditions du marché local. Les différents intervenants algériens et étrangers doivent dans l'intérêt de tout le monde se concerter pour trouver une solution à ce problème qui pénalise beaucoup plus les petites bourses, qui sont dans l'incapacité de s'offrir un abonnement à des prix exorbitants. Producteur de la carte-mère, Condor possède la technologie et les potentialités humaines en mesure de produire des récepteurs devant être agréés par les diffuseurs de programmes. Faisant de l'innovation son autre cheval de bataille, notre entreprise, qui produit annuellement 200 000 démodulateurs, commercialisera, en décembre prochain, les démos -HD (haute définition) aux normes CE. Ces récepteurs capteront la TNT (la télévision numérique terrestre) qui s'installera tôt ou tard en Algérie. » Le changement de cryptage des bouquets français de télévision frappe de plein fouet les importateurs du produit semi-fini. L'un d'eux dira : « Contrairement aux producteurs de la carte-mère et du soft, qui vont certainement reconvertir leurs chaînes de production, les assembleurs de kit subiront les conséquences d'une telle mesure. Il y aura des licenciements et une baisse drastique de la production nationale qui avoisine actuellement 1 million de démos/an. De nombreuses sociétés seront dans l'obligation de mettre la clé sous le paillasson. » La société Cristor est l'unique opérateur, arabe et africain, à produire le soft de ses récepteurs qui s'adapte aux nouvelles exigences. « Etant l'un des principaux partenaires à commercialiser les cartes d'ART et d'El Jazzera, Cristor qui a beaucoup investi dans la recherche, l'amélioration et le perfectionnement de son produit est en négociation avec les diffuseurs pour l'homologation de son produit qui sera en mesure de capter les programmes des chaînes européennes, notamment françaises. Notre entreprise, qui fabriquera prochainement des récepteurs HD dont une bonne partie sera exportée vers le vieux continent, est l'une des rares sociétés à exposer au salon international du satellite de Dubai. Elle fera le maximum pour atténuer les désagréments du téléspectateur algérien faisant du récepteur un outil de divertissement. D'autant que la piraterie est en voie de disparition », dira Rachid Bouchama, PDG de Cristor. Il a tenu en outre à révéler les investissements de son groupe qui a injecté plus de 2 milliards de dinars dans la réalisation du nouveau complexe de fabrication de réfrigérateurs verticaux et horizontaux, produisant 800 000 unités/an. S'étendant sur une superficie de 5 ha, ce complexe créera dès sa mise en service au mois de décembre de l'année en cours plus de 300 nouveaux postes de travail. Selon certaines indiscrétions, les négociations entre Cristor et certains opérateurs étrangers ont permis à la société basée à Bordj Bou Arréridj de mettre sur le marché la carte BIS-TV, devant capter plus de 20 chaînes françaises. L'abonnement annuel de la carte (AB-Sat), commercialisée à raison de 9900 DA, connaît un certain engouement auprès des adeptes de la parabole. N'étant pas à court de solution médiane, l'opérateur susnommé propose une deuxième carte (TNT-Sat) via le satellite Astra, captant dans un premier temps 10 chaînes. Le client qui débourse 18000 DA bénéficiera d'un abonnement de quatre années et d'un terminal. Friands des programmes d'outre-mer, les Algériens, qui n'ont apparemment plus le choix, vont-ils mettre une fois de plus la main à la poche pour s'offrir ces nouvelles cartes ou franchir le pas et se mettre à l'allemand, l'italien ou l'espagnol pour suivre les chaînes des pays précités qui n'ont pas emboîté le pas aux chaînes de l'Hexagone ? L'hypothèse de prendre un abonnement à un tel prix ne fait pas l'unanimité d'autant que le pouvoir d'achat de millions d'Algériens n'est pas reluisant. Dans l'incapacité de s'offrir une carte, la majorité des parabolés, qui ne savent plus à quel saint se vouer, demandent l'implication des pouvoirs publics. « N'ayant en matière de divertissement ou distraction pas l'embarras du choix, les Algériens n'étant de surcroît pas bien servis par les piètres programmes de l'unique, sont dans l'obligation de se rabattre sur les chaînes européennes, françaises notamment. Branchés sur les différentes chaînes, nos gouvernants qui prennent tout leur temps pour concrétiser le projet de la TNT, fonctionnel au Maroc, sont plus que jamais interpellés », diront de nombreux accros de la parabole, à l'écoute de la moindre information émanant des hackers qui s'activent…