Pas moins de sept communes dans la wilaya d'Oum El Bouaghi sont concernées par la culture de l'atriplex et la plantation de l'oputia, ce cactus qui donne ce qu'on appelle communément la figue de Barbarie. Meskiana, Belala, Dhalaâ, F'kirina et Aïn Zitoun, pour ne citer que celles-là, sont des régions à vocation agro-pastorale, mais qui au cours des dernières années ont connu une intensification de la céréaliculture. Pourtant, les rendements aléatoires de cette forme de culture ont affecté l'homme et l'animal. L'homme parce qu'il investit dans un créneau non porteur, l'animal ne trouve pas la nourriture adéquate. De fait, les ressources pastorales se sont amenuisées d'année en année, au détriment de l'élevage tant ovin que bovin. A titre d'exemple, en 1970, l'espace pastoral était de 40 millions d'hectares à l'échelle nationale et il suffisait à l'entretien de 5 340 000 têtes de brebis, soit 70% de l'effectif reproductif national. En 1980, l'espace végétal s'est réduit de 4 millions d'hectares, affectant de la sorte les besoins alimentaires de 2 400 000 têtes d'ovins, soit 25% du cheptel national. Côté production, il a été enregistré une baisse de 11% durant la décennie 1970-1980. En 1994, une autre baisse de l'espace pastoral est enregistrée. De 36 millions d'hectares, le couvert végétal est tombé à 31 millions, d'où une chute de production en matière végétale de l'ordre de 67% par rapport à 1970. Devant les risques d'une intense et néanmoins brutale désertification, le Haut Commissariat au développement de la steppe (HCDS) a engagé plusieurs actions, dont la plus connue est la sensibilisation des fellahs et des éleveurs, et ce, dans le but de stopper l'hémorragie. Le couvert végétal naturel a connu une drastique diminution, tandis que l'effectif reproduction ovin a augmenté de 186%, ce qui constitue un paradoxe dans le système de production, maintenu à coups de devises fortes. N'est-ce pas paradoxal en effet de produire un cheptel, donc une « viande », alimenté grâce à des approvisionnements de produits comestibles importés des pays voisins ? L'action du HCDS s'inscrit dans une optique qui s'inspire de l'urgence d'opérer une revégétation à même d'assurer ou de garantir la survie et, par voie de conséquence, la reproduction du cheptel ovin de sorte qu'il n'y ait plus recours à une intensive importation de nourriture de bétail, qui est une autre forme de dépendance. Aussi, 258 ha ont été réservés au développement de l'atriplex, une plante qui s'adapte au climat semi-aride de la région qui caractérise presque tous les Hauts-Plateaux. Pour la culture de l'opuncia, au moins 310 ha ont été plantés au profit des fellahs des communes de Blala, de Behir, de Chergui, de Aïn Zitoun et de F'kirina. Le but étant de revivifier un secteur aussi stratégique que celui de la culture de l'opuntia qui, en plus du fruit qu'il procure, constitue un rempart conte l'avancée du désert, et dont même les raquettes servent d'aliment en cas de manque. Lors de la semaine écoulée, une rencontre animée par le directeur régional du HCDS et le directeur général des concessions agricoles a permis aux cadres invités pour la circonstance, ainsi que les hommes de la presse, de prendre connaissance avec le programme qui s'étalera de 2005 à 2009 et pour lequel une enveloppe conséquente a été accordée. En effet, plus de 130 milliards de dinars ont été dégagés pour permettre au secteur un développement tous azimuts, entre autres la protection et l'extension des zones rurales, les zones de parcours steppiques, les plantations d'arbres fruitiers, l'encouragement des aviculteurs, apiculteurs et éleveurs. Sur les 29 communes que compte la wilaya, 12 bénéficieront du programme initié et soutenu par le HCDS qui entend maintenir les populations rurales, tout en accélérant leur développement, à l'heure où il s'avère urgent de mettre un frein à la désertification, dont les conséquences sont, le moins qu'on puisse dire, désastreuses et pour le cheptel et pour la survie de l'homme.