La pièce de théâtre intitulée «Syphax», écrite par l'écrivain et journaliste Bouziane Ben Achour, mise en scène par Moulefera Aissa et produite par le théâtre régional d'Oran Abdelkader Alloula, a été présentée au théâtre régional de Saïda durant les soirées des 24 et 25 du mois courant drainant ainsi les fervents amoureux du 4ème art. Le pari est réussi. «Syphax» était roi de l'antique Algérie au cours du dernier quart du 3ème siècle avant Jésus-Christ et, comme il y avait deux royaumes en Numidie, «Syphax» régnait sur les Masaessyles des frontières marocaines à Annaba, tandis que le roi Gaia, père de Massinissa, régnait sur le royaume Massyle. En prenant position avec Carthage menacé par les Romains, «Syphax» se retrouvait prisonnier après que son ennemi Massinissa eut conclu une alliance avec Rome. Les rivalités tribales, le courage, le sens de l'honneur de la vertu, la trahison faisaient partie des valeurs ancestrales des tribus de la Numidie et de l'être humain en général. Ecrite dans une langue raffinée avec des retournements de situations réfléchies et des intrigues propres au théâtre de situation, «Syphax» est élaborée dans une forme tragique. Sa conception générale est bien agencée par un metteur en scène qui a visiblement compris l'essence du message contenu dans l'histoire racontée, a su mettre en relief la profondeur d'un texte gorgé de poésie et de métaphores, grâce notamment à une utilisation judicieuse de la scénographie signée par Zaâboubi Abderahmane et une musique d'accompagnement et d'ambiance où figurent les artistes musiciens : Nazim Kali, Ghorbal Abdellah et Mohamed Haimour, l'illustre comédien qui interprète par ailleurs l'officier romain Lélius dans «Syphax». Le drame historique de notre collègue a su ressusciter avec beaucoup d'allant un important pan de notre histoire méconnue, une histoire jalonnée par des hauts faits d'armes dont ceux de l'immense souverain Aguellid qu'est «Syphax». S'inspirant des procédés cinématographiques, l'histoire contenue dans l'œuvre de Bouziane Ben Achour est racontée par des actions spectaculaires, d'une chorégraphie et des chœurs bien léchés signés par le talentueux Laid Djelloul. Ainsi les comédiens en costumes de l'époque antique évoluent dans une bonne dynamique d'ensemble à l'intérieur d'un espace scénique et dramatique qui donne aux spectateurs l'impression d'assister à première vue à des séquences de films aux procédés épiques. Les dialogues sont également bien rendus par de jeunes et fougueux comédiens recrutés sur la base d'un sévère casting. Ainsi avec Syphax nous avions eu droit à une long voyage dans le passé, notre passé ! Et, ce, grâce à une langue où l'image patrimoniale n'est pas loin et où la musique et la danse contribuent à créer de l'émotion.