Dans une semaine (7 août), le nouveau sélectionneur de l'équipe d'Algérie, Vahid Halilhodzic, fera connaissance avec un panel de joueurs, plus de 30, qu'il a convoqués pour la première prise de contact. C'est le centre sportif de Marcoussis, en région parisienne, fief de l'élite du rugby français, qui accueillera la joyeuse troupe. Vahid Halilhodzic a préféré faire l'impasse sur le match amical face à la Tunisie, programmé en Italie, avant d'être annulé au profit de ce qui ressemble fort à un jamboree pour «faire un état des lieux», selon les propos d'un membre du staff technique. Cette manière de procéder — convoquer un maximum de joueurs — atteste d'une chose : le Bosnien prend le relais de Abdelhak Benchikha sans réels repères. Cela doit être la raison qui l'a poussé à programmer cette large revue d'effectif avant d'entrer dans le vif du sujet. En quelque sorte, il part dans l'inconnu, même si avant sa prise de fonction, il a laissé entendre qu'il a des tuyaux sur les Verts. De prime abord, nul ne peut lui reprocher sa manière de faire, puisqu'il vient juste d'arriver. C'est la preuve aussi qu'il n'a pas hérité d'un dossier qui lui aurait épargné de consacrer son premier stage à échanger avec les joueurs, expliquer sa méthode de travail et préciser quelques règles de la vie en groupe, comme il l'a fait partout où il est passé. Passons sur ce chapitre. Le premier et majeur écueil du Bosnien sera celui de la situation de la plupart des «cadres» de la sélection qui ont fait le choix d'aller poursuivre leur carrière en Arabie Saoudite et au Qatar. Ces choix de carrière sont les leurs mais, malheureusement, ne cadrent pas du tout avec les intérêts de l'équipe nationale et les impératifs de la haute compétition. Le football dans les pays du Golfe est un cimetière pour des footballeurs de haut rang et qui aspirent à prolonger une carrière professionnelle. Aucun joueur digne de ce nom et qui a fait pareil choix n'est revenu au premier plan. Sauf à opter pour un jeu et des joueurs qui évoluent frein à main relevé, Vahid Halilhodzic sait ce qu'il lui reste à faire dans ce dossier. Le mieux pour lui et l'équipe nationale est de regarder ailleurs que vers Riyad, Djeddah, Doha… Certainement qu'il ne perdra pas trop au change. Pour s'en convaincre, il lui suffira de visionner les 15 derniers matches de la sélection et en même temps les performances individuelles de ceux qui ont fini par croire et se convaincre qu'il leur suffisait de faire acte de présence en stage… et en match pour être d'indéboulonnables titulaires que rien ne menace. La Tanzanie, la Centrafrique et surtout le Maroc se sont chargés d'ouvrir les yeux de nombres d'observateurs et supporters des Verts. La réussite — ou l'échec — du nouveau patron de la sélection réside prioritairement dans sa faculté et sa volonté à surpasser ce problème. C'en est un et de taille. Vahid Halilhodzic a la réputation d'être un coach qui ne convoque pas un joueur sur sa seule carte de visite. Avec l'équipe d'Algérie, il est (pleinement) dans son cadre. Ceux qui le connaissent disent qu'il n'est pas du genre à prendre un joueur uniquement parce qu'il est encensé à longueur de colonnes. Son état de grâce a pris fin hier soir, à l'occasion du tirage au sort des groupes de la Coupe du monde de la FIFA 2014, organisé en soirée à Rio de Janeiro. Qualifier l'Algérie au Mondial brésilien est la mission que lui a assignée la Fédération algérienne de football (FAF) et qui est le pari pour lequel il s'est engagé. Pour réaliser ce double objectif, il est appelé à faire des choix (techniques) qui ne plairont pas à tout le monde. Il dispose d'un an et demi pour concrétiser ce qu'attend de lui la FAF, à savoir la qualification à la CAN 2013 et la Coupe du monde 2014. Pour y parvenir, il sera obligé d'opérer une rupture avec le passé récent et tourner doucement la page d'une génération qui a réalisé l'exploit de qualifier l'Algérie à la Coupe du monde 2010. Pour accomplir la transition, Vahid Halilhodzic dispose de quelques belles cartes qui sont surtout jeune et avides de conquérir la confiance du coach pour étaler leur talent naissant, à l'instar de ces nombreux jeunes qui jouent régulièrement comme titulaires au sein de leurs clubs professionnels respectifs. Au cours des deux dernières années, l'équipe nationale a beaucoup souffert de l'état physique et même technique des intermittents qui par magie retrouvent leur statut de titulaire dès qu'ils posent le pied sur la terre d'Algérie. L'équipe nationale va très bientôt bénéficier des services du jeune Feghouli (Valence-Espagne) qui sera d'un grand apport dans l'animation du jeu, sans oublier aussi Amir Sayoud (Ahly du Caire) qui mérite amplement de rejoindre la sélection.