Le mois sacré est propice à l'émergence de toutes les formes de négoce, mais quand cela touche à la santé publique, en l'absence d'hygiène, il n'est plus permis de fermer les yeux. Les gargotes des rues, communément appelées «chawaya» à Bordj Bou Arréridj, représentent une part importante de la consommation alimentaire de la population durant ce mois de Ramadhan. Mais, force est de constater que la propreté leur fait totalement défaut. Les citoyens sont ainsi exposés aux maladies. La plupart des ces gargotiers d'un nouveau genre activent dans l'informel, en l'absence de la plus élémentaire règle d'hygiène. Cela n'empêche pas pour autant les passants de se restaurer chez ces marchands de brochettes et autres sandwich. Les prix pratiqués sont imbattables. Il faut dire que ce genre de «restauration» est devenu, ces dernières années, une pratique courante à Bordj Bou Arréridj. Dans cette situation de risques sanitaires généralisés, les autorités semblent dépassées, pourtant des cas d'intoxication, il y en a eu ! L'action de lutte contre le commerce informel a été une véritable bouffée d'oxygène pour les riverains. Mais, pense-t-on, pour que cette lutte ait de l'impact, il faudrait qu'elle soit accompagnée de moyens, car les agents chargés de cette opération sont confrontés à des difficultés sur le terrain, notamment aux risques d'agressions physiques. Ainsi, l'on demeure impuissant face à cette anarchie, avec bon nombre de marchands de brochettes installant tables, barbecues et autres bouteilles de gaz sur les lieux animés, juste après le f'tour. On les voit près des mosquées, place El Wiam, boulevard Emir Abdelkader, avenue de la Liberté, quartier Lagraphe, tout autour des grands carrefour, à l'emplacement de la gare routière, aux alentours et à l'intérieur des cités et quartiers populaires, au centre-ville… proposant viande hachée, thon, œufs, oignons, saucisson, brochettes ou pommes de terre frites. La nouveauté cette année, c'est le thé. Assis sur le trottoir en face du siège de la wilaya, le sourire aux lèvres, Omar, un adolescent, savoure à pleines dents le sandwich de brochettes qui vient de lui être servi. Car chez lui, explique-t-il, il n'a pu que boire de l'eau à cause de la chaleur. «J'avais soif et c'est maintenant que je vais répondre aux besoins de mon estomac», plaisante-t-il à l'endroit du vendeur, un autre jeune. L'interdiction de telles activités est plus que souhaitée, sachant que toute la marchandise est exposée au soleil durant la journée et à la poussière la nuit. Pis encore, les denrées alimentaires côtoient les égouts éclatés et les ordures accumulées dans la rue. En outre, ce sont de jeunes enfants qui sont chargés de ce «commerce». Les plus grands veillent seulement de loin sur eux et n'interviennent que lorsqu'une dispute éclate, ou que la commande est plus importante. D'autres problèmes sont générés par ces activités, notamment celui des encombrements, vu que les trottoirs et les chaussées sont occupés par ces marchands. Beaucoup de citoyens se posent des questions : Prélève-t-on des échantillons pour les remettre au service d'épidémiologie et de la médecine préventive pour analyses? Vérifie-t-on les ustensiles utilisés par ces pseudo-commerçants, ainsi que l'huile de cuisson des aliments ? Pourquoi le service de contrôle, en coordination avec les services d'hygiène de la santé et la répression des fraudes, n'effectuent-ils pas des descentes ? Dire qu'il s'agit de santé publique!