La mise en application des articles de la convention collective, en matière de promotion, est le principal point de discorde entre l'administration et certains travailleurs. Après des années de silence, des travailleurs de la station régionale de l'ENTV de Constantine, sise à la rue Kaddour Boumeddous, des travailleurs ont décidé de casser les tabous pour dénoncer «le laisser-aller, les passe-droits et les dépassements» qui ont fini par gangrener la relation entre le personnel et l'administration. Dans une lettre adressée au ministre de la Communication, dont une copie a été transmise à El Watan, un groupe de travailleurs expriment «(leur) désarroi et (leur) dégout profond face aux conditions de travail dans lesquelles (ils) exercent à cause des dépassements du directeur général de la station». Les signataires de la correspondance affirment: «Nous sommes traités, pour la plupart d'entre nous, depuis déjà des années comme des esclaves; le directeur a bien affirmé à plusieurs employés: pour moi il y a deux poids et deux mesures.» Ils rappellent qu'ils ignoraient même le contenu de la convention collective de l'ENTV, élaborée en 2002 et ce jusqu'à l'arrivée de nouvelles recrues de la station centrale en 2009. «Les travailleurs étaient acculés, car on leur demandait d'accomplir des tâches qui n'avaient rien à voir avec leurs fonctions, et si certains osaient réclamer on les menaçait de sanctions pour refus de travail», ont-ils noté. Selon la requête des travailleurs, les promotions dans le poste sont réservées exclusivement aux proches du directeur de la station, sans aucun respect des critères mentionnés dans la convention collective. Par ailleurs, les rédacteurs de la lettre dénoncent le comportement jugé désobligeant, selon leurs propos, de la directrice de l'administration et des finances (DAF) envers les travailleurs. «Cette dame ne mérite pas ce poste de responsabilité; elle a été encouragée par la direction pour être une DAF, en plus de ça elle ne cesse de toucher à la dignité des travailleurs sans être inquiétée par le responsable de la station», ont-ils assuré. Ces derniers évoquent des cas d'emplois fictifs où des travailleurs sont payés alors qu'ils ne sont pas présents. Une situation qui dure depuis des années, selon les signataires de la lettre, où il est mentionné que certains travailleurs à la station régionale de l'ENTV dirigent des boîtes de production audiovisuelle privées situées au centre-ville, au vu et au su de l'administration et de tout le personnel. «Nous avons remis une copie de cette lettre au directeur général de l'ENTV et au responsable de la station régionale de Constantine, mais nous n'avons reçu aucune réponse», disent-ils. La direction dément, le syndicat reconnaît Contacté pour avoir sa version des faits, le directeur de la station régionale de Constantine, Kamel Berouki, a affirmé qu'il n'a jamais reçu cette lettre anonyme, qui ne pourrait que contenir des mensonges de personnes dont l'objectif est de casser l'entreprise, selon ses propos. «Le climat dans cette station est familial; c'est une entreprise publique contrôlée et régie par une réglementation que tout le monde est tenu de respecter, y compris moi-même», a-t-il déclaré. Abordant le problème de la DAF, il a expliqué qu'elle a été recrutée suivant les modalités décrites dans la convention collective, négociée au niveau de la direction générale. «La convention collective a été révisée trois fois avant d'être mise en application en 2002 alors que le recrutement et le choix du personnel est du ressort de la division des ressources humaines et du directeur général; la DAF a par ailleurs été sanctionnée pour quelques dépassements qu'elle a commis, mais elle répond à tous aux critères pour être dans ce poste de responsabilité», a-t-il attesté. De son côté, le secrétaire général de la nouvelle section syndicale installée il y a un mois, a reconnu l'existence de dépassements au niveau de la station. «Il y a eu certes des dépassements de la part de certains responsables et nous avons commencé par recenser les problèmes en collaboration avec l'administration qui s'est dite prête à assainir la situation dans la station», a-t-il déclaré. Ce dernier a expliqué que l'application de la convention collective est l'une des missions du partenaire social, précisant que ladite convention a été rédigée en l'absence des représentants syndicaux des quatre stations régionales pour défendre les droits de tous les travailleurs. «Parce que les anciens partenaires sociaux n'ont pas assumé leurs responsabilités, nous menons actuellement une bataille pour réviser cette convention et pour assurer les revendications de certains employés à condition que ces derniers expriment leur réclamations d'une façon réglementaire et dans un cadre structuré», a-t-il commenté. Notre interlocuteur ne manquera pas de critiquer la méthode de recours de certains employés: «Il y a un grand problème dans l'octroi des privilèges entre les travailleurs des quatre stations régionales et ceux de la direction générale à Alger; de ce fait un syndicat d'entreprise sera installé prochainement pour négocier la situation en présence de tous les éléments concernés.»