Les travailleurs de l'Entreprise de distribution d'équipements domestiques (EDIED) sont inquiets du flou qui entoure la procédure de cession de leur entreprise. Plus précisément, il s'agit de l'unité vente, réparation et service après-vente sise à la rue Kaddour Boumeddous. Depuis l'annonce, par la SGP-Est, dont dépend l'EDIED, de la cession des entreprises du portefeuille au profit des travailleurs, leurs appréhensions sont allées crescendo face aux rumeurs d'une éventuelle vente à des acquéreurs privés. Il ne s'agit pas là d'un rejet de privatisation, au contraire, les travailleurs sont aussi intéressés par la reprise de leur entreprise et se sont même engagés dans une formule de location. En effet, au moment où l'EDIED déclarait faillite, les travailleurs, restés sans salaire pendant six mois, étaient confrontés à plusieurs choix. Cinq parmi eux ont alors proposé de louer le local contre le solde de tous comptes pour une durée de 23 mois. Le magasin fonctionne ainsi depuis novembre dernier et propose aux Constantinois des articles électroménagers en veillant à fournir le meilleur rapport qualité/prix. Mais depuis, les choses se sont accélérées et le désengagement de l'Etat par la privatisation du secteur public avance plus rapidement. Par le biais de la SGP-Est, les travailleurs des entreprises du portefeuille sont invités à manifester leur intérêt dans le cadre de la formule dite reprise de l'entreprise par les salariés (RES). Les cinq locataires constitués en Sarl ont alors adressé une lettre de manifestation d'intérêt au président de la SGP-Est et au directeur général de l'entreprise, faisant valoir leur droit de préemption. L'acquisition des biens de l'entreprise est, en effet, accordée en priorité aux travailleurs selon l'article 29 de l'ordonnance 01-04 du 20 août 2001 traitant de la formule RES. La directive adressée récemment par la SGP-Est aux entreprises concernées « salue cette décision et encourage vivement les salariés à saisir cette opportunité historique ». Tout semblait donc aller dans le sens de l'intérêt des travailleurs locataires, jusqu'au moment où des informations sont venues révéler de sérieuses manœuvres autour de l'entreprise. Ces informations évoquent une reprise à 80 % des biens de l'entreprise par un privé mais aucune précision ne filtre à propos du sort des locaux de Kaddour Boumeddous. En cherchant à savoir, les cinq travailleurs ont été informés que leur unité n'était pas concernée par la RES. Déclaration étonnante et inquiétante que nous n'avons pu confirmer auprès d'un responsable de la direction générale. Le flou entoure, en effet, les procédures et les travailleurs sont tenus à l'écart. Il est vrai que les locaux en question donnent l'idée d'une poule aux œufs d'or de par leur situation stratégique et la grande superficie qu'ils offrent. Dans l'ombre du bradage systématique des richesses, les appétits s'aiguisent autour de ces mets auxquels le travailleur n'est jamais invité.