Les cours du pétrole ont poursuivi, hier, leur recul sur les principaux marchés, plombés par les incertitudes sur la croissance. Ce sont justement ces mêmes incertitudes qui ont conduit l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à réviser à la baisse ses prévisions de demande de pétrole pour 2011 et 2012. Selon le rapport mensuel du cartel publié hier à Viennes, la demande mondiale de brut devrait s'établir à 88,14 millions de barils/jour (mbj) en 2011 au lieu des 88,18 mbj annoncés dans les prévisions antérieures. Ainsi, la croissance de la consommation de pétrole représentera 1,2 mbj par rapport à 2010. Pour 2012, l'OPEP table sur une prévision de 89,44 mbj contre 89,50 mbj et espère d'ailleurs une reprise aux Etats-Unis pour soutenir ces projections. Les craintes sur la croissance sont au cœur des appréhensions du pool pétrolier, qui précise dans son rapport que «des soucis d'ordre économique combinés à des prix élevés du pétrole ont affecté la demande dans les pays de l'OCDE, conduisant à une consommation plus faible qu'anticipé pendant l'été, propice aux déplacements automobiles». Et d'ajouter que «si la situation continue à se détériorer aux Etats-Unis (premier pays consommateur de pétrole au monde, ndlr), la demande mondiale va encore diminuer cette année». Sans pour autant verser dans l'alarmisme, l'OPEP a inclu une petite note d'optimisme dans ses observations, estimant que la dégradation surprise de la note de la dette américaine par l'agence Standard & Poor's, qui a déstabilisé les marchés, aura «un impact faible à court terme». Idem pour ce qui est des craintes sur la croissance dans la zone euro. L'OPEP pense que les risques d'extension de la crise de la dette à l'Italie ou à l'Espagne «sont contrebalancés par la hausse des commandes dans l'industrie manufacturière qui devrait soutenir la demande de pétrole». Toutefois, le produit du cartel a atteint 30,07 mbj, plus haut de 0,7 mbj par rapport à son niveau d'avant le début du conflit en Libye et nettement supérieur à ses quotas (24,84 mbj hors Irak). L'Organisation doit aussi composer avec la mise sur le marché des stocks stratégiques de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a mis le prix du pétrole sous pression. La crise des dettes souveraines dans la zone OCDE a d'ailleurs fini par achever le baril, lequel a perdu 30% de sa valeur en 3 mois, dont 10% rien que la semaine dernière. Hier, le brent de la mer du Nord est tombé brièvement sous les 100 dollars le baril pour la première fois depuis février. A 10h40 GMT, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s'échangeait à 102,50 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,24 dollar (soit 1,20%) par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance cédait 1,66 dollar (soit 2%) à 76,65 dollars. Le baril de WTI est tombé en début d'échanges asiatiques à 75,71 dollars, un plus bas depuis fin septembre 2010.